Voici les croix de guerre décernées à deux frères. Pierre et André Dherbomez.
Ces enfants d'Hazebrouck ont été tués en 1917 et 1918. Pierre a passé trois mois au front, le temps de gagner une croix de guerre, avec deux étoiles. André, lui, a eu une étoile. Quand le conflit a débuté, cette médaille n'existait pas encore. Sa création a été décidée après un débat parlementaire.
La France est le pays de la Légion d'Honneur et de la médaille militaire. Deux récompenses accordées avec parcimonie. En janvier 1915, l'écrivain Maurice Barrès plaide pour une nouvelle médaille de bronze pour les braves. Il reçoit le soutien d'Emile Briant, officier et député. A ses collègues parlementaires, celui-ci explique que la médaille sera une source merveilleuse d'émulation. Jusqu'à présent, les combattants doivent se contenter de citations. Et puis, contrairement à la Légion d'Honneur, on pourra la remettre à des morts.
Députés et sénateurs débattent. Le gouvernement veut que la médaille soit décernée aux soldats cités à l'ordre de l'armée. Les parlementaires sont plus coulants. Une action à l'ordre du régiment suffira. Et puis, les soldats ne sont plus les seuls visés. Aumôniers, infirmières et religieuses seront aussi récompensés. Le débat est vif quand à sa forme. Une croix à quatre branches et deux épées croisées est finalement retenue.
Plus de deux millions de croix ont été attribuées pendant la guerre. Aux combattants, aux civils, se sont ajoutées des villes, des bateaux et même des animaux. Chiens de traineau et pigeons embarqués dans le conflit. Dans certaines familles, la Croix de Guerre fut le seul souvenir laissé par des hommes disparus à jamais.