Des ophtalmologistes proposent des contrôles de la vision jusqu'à 18h00 ce jeudi 9 octobre à Amiens, gratuits et sans délai. C'est exceptionnel, sachant que la région picarde est l'une des moins fournies en médecins professionnels de la vue.
A la veille de la Journée mondiale de la vue (qui durera une semaine), des ophtalmologistes consultent sans rendez-vous et gratuitement à Amiens, ce jeudi 9 octobre. Pour se faire dépister par un professionnel, rendez-vous place de l'hôtel de ville jusqu'à 18h.
Si la logique est suivie, l'opération devrait être un formidable succès. Pour cause : le délai d'attente pour consulter un ophtalmo à Amiens ou à Abbeville est d'environ 6 mois. Ce n'est pas beaucoup mieux dans le reste de la région.
Reportage de Jean-Pierre Rey et Stanislas Madej à Doullens, Abbeville et Amiens, avec trois ophtalmologistes : Marie Fauquembergue-Kfoury, Fayez Bitar et Jean-Luc Lescarbotte.
Peu nombreux et proches de la retraite
La Picardie compte 111 ophtalmologistes, soit 5 praticiens pour 100.000 habitants, ce qui place la région en avant-dernière position dans le domaine en France. Selon l'Ordre national des médecins, cette densité doit être considérée comme "faible" dans l'Oise et l'Aisne, et juste "moyenne" dans la Somme.
Le problème vient d'abord du fait que la profession est vieillissante. L'âge moyen des ophtalmos picards est de 52 ans (pas pire qu'ailleurs en France). Or il n'y a pas assez de monde pour les remplacer. Un comble, sachant qu'en 2014, l'ophtalmologie est la discipline préférée des étudiants en médecine.
Plusieurs raisons à ce problème. D'abord, le "numerus clausus" instauré en 1971 dans les facultés : en France, seuls 100 étudiants peuvent être formés cette année, alors que 200 ophtalmos doivent partir à la retraite ; l'Etat a promis de monter cette limite à 150 diplômes, mais ça ne suffira toujours pas. Ensuite, force est de constater que trop peu de jeunes ophtalmologistes ont envie de s'installer en Picardie.
Plusieurs solutions
Outre l'idée de supprimer ce numerus clausus, les professionnels voudraient que l'Etat soutienne financièrement les nouveaux médecins qui s'installent dans les provinces. Mais le gouvernement a choisi une solution moins coûteuse : autoriser le contrôle de la vue chez les opticiens (qui ne sont pas des médecins et peuvent donc ne pas repérer d'éventuelles maladies naissantes).
Pour les ophtalmologistes qui ont les moyens, il reste la solution de l'embauche d'un orthoptiste, à qui déléguer toutes les opérations de contrôle basique de la vue, pour gagner du temps et ainsi réduire les délais de consultation.