La Vénus de craie découverte lors d'une fouille archéologique à Amiens cet été, destinée au Musée de Picardie, représente la plus grande découverte française depuis une cinquantaine d'années, selon les spécialistes.
Une statuette de craie représentant une figure féminine vieille de 23.000 ans a été présentée jeudi 27 novembre aux médias à Amiens. La découverte de cette Vénus du paléolithique est qualifiée d'"exceptionnelle" à plus d'un titre par les spécialistes.
"La découverte de ce chef d'oeuvre est exceptionnelle et d'une importance internationale", a souligné Nicole Phoyu-Yedid, directrice régionale des affaires culturelles de
Picardie. La dernière trouvaille de ce type en France remontait à une cinquantaine d'années.
Rappel : la découverte dans un quartier d'Amiens
A l'été 2014, une fouille archéologique débutait dans le quartier de Renancourt, à Amiens, à quatre mètres de profondeur. "On s'attendait à trouver des vestiges classiques comme des silex taillés et des vestiges osseux", a expliqué Clément Paris, 30 ans, le responsable de la fouille.
Au deuxième jour des fouilles, la quinzaine d'archéologues ont découvert un amas calcaire qui attire leur attention, certains fragments ne leur semblant pas naturels. "Le soir même, on a reconstitué minutieusement la vingtaine de fragments pour se rendre compte qu'il s'agissait bien d'une statuette féminine", a raconté l'archéologue. Elle pourrait avoir éclaté sous l'effet du gel.
Revoir notre reportage :
Avec : Montoya Cyril
Préhistorien
Ingénieur de recherche;
Didier Bayard
Conservateur en chef du Patrimoine
Service Régional DE'Archéologie;
un reportage de Jean-Paul Delance, Gérard Payen et Sébastien Dufour
Une image symbolique de la femme d'époque
Le carbone 14 permet de dater précisément la "Vénus de Renancourt" : elle a 23.000 ans d'âge, ce qui correspond "à la culture gravettienne de l'homme de Cro-magnon" époque comprise entre -29.000 et - 21.000, a indiqué M. Paris.
La statuette en craie d'une douzaine de centimètres de hauteur représente une femme avec une poitrine opulente et des fesses exagérément projetées vers l'arrière. Les extrémités, comme la tête ou les bras, sont assez peu détaillées.
"Le fait qu'il s'agisse d'une représentation assez peu réaliste montre une volonté de produire une image symbolique de la femme, qui tourne autour de la fécondité", a commenté l'archéologue.
Rien de similaire n'avait été découvert auparavant
Il n'existe qu'une centaine de statuettes de ce type et de cette époque en Europe - surtout en Russie et en Europe centrale -, dont une quinzaine en France, essentiellement
dans le sud-ouest. "La dernière statuette gravettienne retrouvée en France lors de fouilles était en Dordogne en 1959", a aussi rappelé M. Paris.
"Mais c'est surtout le premier témoignage de ce type d'art mobilier dans le nord-ouest européen, ce qui explique son caractère exceptionnel", a-t-il ajouté.
La partie inférieure droite de la statuette n'a pas été retrouvée mais la poursuite des fouilles à l'été prochain pourrait permettre de la compléter. "On n'a fouillé que 9 m2, il existe une forte possibilité de trouver d'autres statuettes", a dit Jean-Pierre Fagnart, archéologue départemental de la Somme qui a aussi participé aux fouilles.
Après une étude complète, la statuette doit être exposée au musée de Picardie à Amiens dans quelques années.