Pourquoi certaines infirmières nordistes partent-elles travailler en Belgique ?

Ces départs ne sont pas sans conséquence dans les hôpitaux publics des Hauts-de-France. 

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Marie Magnier est une infirmière française. Chaque matin, elle traverse la frontière franco-belge pour se rendre à Mouscron. Elle a obtenu un CDD de six mois en septembre 2019, à l'hôpital de la ville. 

"Je pense avoir fait le bon choix. Je fais à peu près 40 minutes aller, 40 minutes retour : c’est un certain coût financier, concède-t-elle. Mais pour moi, c’est important, je travaille dans des conditions optimales."

Il y a certes le salaire : 2250 euros bruts par mois (voir encadré). Mais ce qui a séduit Marie, c'est la stabilité : "J’ai choisi la Belgique parce que je savais que j’aurais été dans un service fixe." Elle a rejoint le service des urgences. "Pour l’épanouissement professionnel, je pense que c'est le mieux."
 



Passer plus de temps avec les patients


Elle n'est pas la seule Française à travailler à l'hôpital de Mouscron. Typhaine Lafon passe la frontière pour rejoindre Mouscron depuis maintenant deux ans.
 


Avant d'atterrir en Belgique, Typhaine a réalisé plusieurs stages en France. Aujourd'hui, en CDI au service cardiologie à Mouscron, elle note une différence dans la prise en charge des patients. "Ici, on est deux infirmières pour 28 patients", précise-t-elle. 

Avec un meilleur ratio du nombre d'infirmiers par rapport au nombre de patients, Typhaine peut se permettre de passer plus de temps avec chaque patient.

Un discours qui tranche avec certains récits recueillis en France. Fin décembre 2019, une infirmière dans le Nord témoignait à l'AFP : "Il y a des jours où on n'a pas le temps d'aller aux toilettes, certains n'osent même pas boire un verre d'eau. C'est beaucoup de soins à la chaîne, c'est l'usine..." 
 

 

L'exode des blouses blanches a des conséquences en France

Si dans cet hôpital de Mouscron, un soignant sur cinq est Français, cela a aussi des conséquences en France. A la frontière, certains hôpitaux publics français ont du mal à attirer et à recruter. 
 

Par exemple, l'hôpital public de Roubaix compte 48 postes vacants. 

Le docteur Marc Lepeut, chef de service en diabétologie à l'hôpital de Roubaix souligne les difficultés : "Sur plus de 40 élèves infirmières à Roubaix, il y en a quatre qui ont postulé pour l’hôpital de Roubaix. Elles partent en Suisse, en Belgique et elles ne viennent pas à l’hôpital public parce qu’il n’est pas attractif."


 
La France, mauvaise élève pour le personnel infirmier ?
La France fait mauvaise figure parmi les pays de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Dans le "Panorama de la santé", publié en 2019, la France arrive derrière les Pays-Bas et la Belgique pour les différents indicateurs utilisés. 

Les infirmiers français touchent 10 % de moins que le salaire moyen tricolore. Leur rémunération est 15 % inférieure à la moyenne de l'OCDE. De l'autre côté de la frontière, en Belgique, le personnel infirmier touche 40 % de plus qu'en France, un taux qui s'elève à 64 %  au Pays-Bas. 
 
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