De violents heurts ont eu lieu cet après-midi dans les prisons de Maubeuge (Nord) et Longuenesse (Pas-de-Calais). 110 détenus ont déterioré les lieux pour protester contre leurs conditions de détention en pleine épidémie du coronavirus.
Le personnel pénitentiaire sentait depuis quelques jours que la situation allait dégénérer... C'est finalement cet après-midi que des "mutineries", selon le syndicat SNPFO, ont eu lieu.
? URGENT : Flash-inFO : Des mutineries sont en cours dans les prisons de MAUBEUGE et LONGUENESSE. L'ERIS est en route. Le SNPFO apporte son soutien aux collègues sur place. Plus d'informations à suivre... pic.twitter.com/RXAMJWr5oN
— SNPFO (@SNPFO_PS) March 22, 2020
À Maubeuge, deux groupes de détenus réalisaient leurs promenades près de deux bâtiments disctincts à 14h15. Un quart d'heure plus tard, les 25 détenus du premier groupe et les 65 du second bloquent les accès. Ils arrachent les grillages qui séparent les chemins de promenade et les chemins de ronde. Ils brisent les vitres des bâtiments auxquelles ils ont accès. Ils utilisent enfin, des bouts de cartons ou de bois pour incendier quelques endroits de la cour.
Surtout, ils jettent des objets enflammés dans les trappes d'exfiltration d'air "avec la volonté de mettre le feu aux bâtiments, c'est ce qui nous fait parler de mutineries", explique Julien Martin, secrétaire inter-régional SNPFO.
Les détenus s'étaient probablement coordonnés sur le réseau social Snapchat
"Depuis le début de la semaine les détenus lancent des appels à un mouvement collectif sur le réseau social Snapchat", déplore le syndicaliste, alors que les détenus parviennent, de plus en plus, à communiquer via les réseaux sociaux malgré l'interdiction.
Les prisonniers protestent contre le manque de mesures prises pour empêcher la propagation du coronavirus dans les centres pénitentiaires. Dans plusieurs prisons du Nord et du Pas-de-Calais, la situation devient effectivement électrique depuis quelques jours, malgré les annonces faites par Nicole Belloubet, ministre de la santé, pour adapter la vie des détenus pendant l'épidémie.
À Longuenesse, dans le Pas-de-Calais, situation similaire, mais sans départ de feu. De nombreux projectiles ont été lancés vers le personnel et toutes les vitres du rez-de-chaussée et du premier étage, donnant notamment sur les salles d'activités, ont été brisées. Le poste de surveillance de la promenade, où se tient la personne en charge de surveiller les détenus lorsqu'ils sont dehors, a été fracturé.
"On s'attendait à quelque chose aujourd'hui", affirme Yannick Lefebvre, secrétaire local pour l'UFAP UNSA Justice. Il craint que des événements se répètent dans la semaine.
Une trentaine de détenus sont concernés. Ils réclament "plus de douches, plus de lavage du linge et le port du masque pour les agents", selon ActuPenit.com. Le site d'information du personnel pénitentaire rapporte que l'incident est terminé depuis 16h45. Cinq personnes auraient été placées en quartier disciplinaire. Hier samedi, quatre détenus ont été mis en garde-à-vue à Sequedin, près de Lille, pour des comportements similaires.
Les syndicats veulent espacer les promenades pour éviter de nouveaux débordements...
Alors que les ERIS (Équipes régionales d'intervention et de sécurité) et la police sont toujous en opération pour rétablir la situation, le syndicat SNPFO "regrette fortement que l'administration n'ait pas pris de mesure", pour éviter une situation prévisible, selon eux.
Le personnel souhaite étaler les promenades et les réduire, à la fois pour éviter le risque de contamination au coronavirus, mais aussi, pour prévenir les heurts, comme cet après-midi. "La direction régionale refuse", regrette Julien Martin, alors que les promenades sont maintenues entre les murs des 188 prisons françaises. La direction administrative des prisons (DAP) a, en effet, affirmé que "la suppression des promenades n'est pas d'actualité", reconnaissant que ces moments passés à l'extérieur pouvaient générer "des mouvements d'inquiétudes".
... Et craignent pour leur santé ainsi que celle des détenus
Le personnel pénitentaire de Longuenesse travaille sans masque et sans gel hydro alcoolique depuis le début de l'épidémie. "La direction nous dit que les masques ne servent à rien si on respecte les distances de sécurité. Mais le personnel et les détenus, on est sans cesse proches", se désole Yannick Lefebvre qui travaille dans la prison.
"On se met en danger", poursuit-il. À la fois vis à vis de la population carcérale, à qui les sruveillants peuvent amener le virus de l'extérieur, et vis-à-vis de leurs famille lorsqu'ils rentrent chez eux le soir.
Les masques, commandés par la direction, ne sont toujours pas arrivés.