Les trois Femen qui avaient accueilli seins nus Dominique Strauss-Kahn en février 2015 lors de son arrivée au palais de justice de Lille où il comparaissait pour proxénétisme, ont été relaxées mercredi.
"C'est la première décision de relaxe sur des poursuites de Femen du chef d'exhibition sexuelle", a affirmé à l'AFP Me Valentine Rébérioux, qui s'est félicitée que le tribunal n'ait pas "condamné des militantes politiques pour des actions politiques du chef d'exhibition sexuelle". Le parquet de Lille, qui avait requis trois mois de prison avec sursis et 1.000 euros d'amende, s'était porté partie civile.
"Il ne faut pas confondre agression sexuelle et manifestation politique. Ce sont des actions politiques qui ont pour mode d'expression d'être torse nu et ça s'arrête là. Il ne faut pas dénaturer leur acte pour transformer cela en agression sexuelle", a poursuivi leur avocate. Il s'agit de la première décision de relaxe de militantes Femen, alors que deux condamnations, dont les militantes ont fait appel, ont été prononcées.
L'une concerne une action qui avait eu lieu en juin 2014 au musée Grévin où une Femen, poursuivie pour exhibition sexuelle et dégradation après avoir endommagé la statue de cire de Vladimir Poutine quelques heures avant l'arrivée à Paris du dirigeant russe, a été condamnée à 1.500 euros d'amende. Une ancienne militante a également été condamnée à un mois de sursis pour une action à l'église de la Madeleine en décembre 2013 à Paris, protestant contre les restrictions sur le droit d'avortement en Espagne.
"On espère que les cours d'appel qui auront à juger des cas d'exhibition sexuelle de militantes Femen pourront prendre connaissance de cette décision, mais je ne suis pas sûre qu'on puisse parler de jurisprudence", a tempéré Me Rébérioux. Les trois Femen de Lille, seins nus, avaient accueilli la voiture de l'ancien patron du FMI aux cris de "Macs, clients, déclarés coupables!". L'une des militantes féministes était montée sur le capot de la berline aux vitres fumées au moment où elle s'engouffrait dans le parking souterrain du palais de justice. Elles avaient été rapidement maîtrisées et embarquées par les forces de l'ordre, présentes en nombre.