Professeur de Lille 2 accusé de sexisme : la polémique en 4 actes

Accusé de sexisme, un professeur de Lille 2 se défend en plaidant l'humour. Retour sur une polémique qui a pris de l'ampleur en une semaine. 

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Acte 1 : "C'est comme les femmes, il faut taper deux fois pour qu'elles comprennent"

Mardi dernier, cours d'histoire des idées politiques. 500 étudiants dans un amphi de Lille 2. Leprofesseur déclare après avoir frappé son micro pour le faire fonctionner : "C'est comme les femmes, il faut taper deux fois pour qu'elles comprennent". Rapidement, des élèves quittent l'amphi en signe de protestation. Selon des élèves, il s'exclame alors : "Ça, c'est les féministes qui se lèvent (...). Ça ne me dérange pas tant qu'il n'y a pas des Femen, manquerait plus que ça... Enfin quoique !". D'autres attendent la fin du cours pour montrer leur désapprobation et discutent avec le professeur pendant une heure. Il présente ses excuses le lendemain en cours.

Mais sur les réseaux sociaux, des élèves racontent l'incident. Et la polémique prend de l'ampleur.

Acte 2 : L'Université Lille 2 condamne les propos et engage une procédure disciplinaire

Rapidement, le syndicat étudiant UNEF pulie un communiqué condamnant les propos du professeur : "L'UNEF condamne fermement ces propos qui banalisent les violences faites aux femmes. Chaque année ce sont 164 000 femmes qui subissent des violences conjugales et une femme qui meurt de ces violences tous les trois jours. (...) "Il n'y a donc pas de quoi prétendre faire de l'humour et encore moins dans le cadre d'un cours à l'université. En effet, le sexisme se manifeste également par toutes ces petites phrases que l'on entend dans la rue, au travail, mais aussi dans les universités et les écoles", ajoute le syndicat étudiant. 

Il souligne également que ces phrases sexistes ne seraient pas un « cas isolé ». En témoigne le Tumblr (blog) « Paye ta fac », qui recueille des propos similaires entendus dans les universités.
L'enseignant est convoqué par le président de l'université qui annonce la saisie de la commission de discipline. Cette instance "décidera des sanctions qu'elle estimera appropriées", a déclaré le président. "Ces propos sont aussi stupides qu'intolérables et pas à la hauteur d'un universitaire qui doit appuyer sa base sur l'exemplarité et le respect", a expliqué le président de l'Université Xavier Vandendriessche. 

L'université a également annoncé vouloir lancer prochainement une campagne de sensibilisation sur l'égalité femmes-hommes sur "l'ensemble de la communauté universitaire pour que cela ne se reproduise plus". 

Acte 3 : une pétition de soutien au professeur est lancée sur le web

Samedi, des étudiants de Lille 2 mettent en ligne une pétition de soutien au professeur. Ils y défendent un certain droit "à l'humour noir" et regrette l'ampleur prise par la polémique : "Cette réaction n’a nullement pour but d’aller au clivage ou de remettre en cause le combat contre les violences faites aux femmes, combat dont personne ne saurait nier l’importance. Les défenseurs de cette cause se battent pour le bon combat mais contre la mauvaise personne. L’objet de ce rassemblement est de soutenir un bon enseignant qui a fait une blague, certes malheureuse, mais qui n’avait pas pour but de mettre en cause ce combat. Combien de professeurs ou d’élèves n’ont jamais fait d’humour noir ?"

A ce jour, la pétition a été signée par environ 2800 personnes. 

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Acte 4 : le professeur se défend dans les médias


Le professeur qui n'avait pas souhaité réagir officiellement au départ de l'affaire décide de parler à plusieurs médias. Sur France Bleu Nord, il se défend : "Sorti du contexte, ça peut paraître sexiste, mais c'est de l'humour. Jamais je n'aurais pensé que cela puisse être pris au premier degré". Le professeur qui est également avocat ajoute à LCI : "J’ai déjà défendu des femmes qui ont subi des violences conjugales. Me sentir accusé de sexisme et d’apologie de la violence sur les femmes, c’est une aberration et c'est tellement contraire à ce que je pense."

Il regrette l'ampleur prise par l'affaire. "J’ai les épaules solides et j’ai ma conscience pour moi. Mais pour certains autres collègues, ce serait un coup à se foutre en l’air. (...) Mon but, c'est qu'on n'en parle plus, c'est que le mouvement contre le sexisme et les violences continue à défendre les bonnes causes, et que moi on me foute la paix". Le professeur mis en cause va retrouver ses élèves ce mardi après-midi. 

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