Un rapport, établi en juin, pointait le surcoût et le retard pris par le projet de liaison fluviale. Des chiffres aujourd'hui contestés.
L'association du canal Seine-Nord Europe s'est défendue vendredi face au diagnostic sévère établi en juin par la Cour des comptes européenne (CCE) quant au projet de création d'une liaison fluviale de grand gabarit pour le transport de marchandises entre les pays du Benelux et la région parisienne.
Le coût a-t-il "pratiquement triplé" ?
"Les chiffres utilisés par la Cour des Comptes européenne, pour estimer le retard et le surcoût du projet, ne correspondent ni à la genèse, ni à la réalité actuelle du projet", avance dans un communiqué l'association, présidée par le maire de Compiègne (Oise) Philippe Marini (LR), et réunissant une trentaine de collectivités locales et une dizaine d'organismes socio-professionnels et entreprises.Dans son rapport publié le 16 juin sur plusieurs grands projets transfrontaliers de transport dans l'UE, l'institution chargée de veiller à la bonne utilisation des fonds européens estimait que les coûts du projet avaient "pratiquement triplé", pour s'établir à 4,97 milliards d'euros.
L'association rejette le mode de calcul de la CCE qui "prend pour base le pré-chiffrage initial de 1993, soit 1,2 milliard euros", soulignant qu'"à cette date, le tracé et le gabarit du projet étaient bien différents".
Un trafic fluvial trop optimiste ?
Oskar Herics, un membre de la Cour responsable du rapport, affirmait que le projet qui accuse un retard de 18 ans ne serait "pas mené à bien dans son intégralité d'ici à 2030", jugeant aussi que le promoteur avait "retenu des hypothèses de trafic trop optimistes", soit "quatre fois plus élevé en 2060 par rapport à la situation de référence censée prévaloir en 2030 en l'absence du canal".Mais pour l'association, cette augmentation semble "bien correspondre à la réalité logistique observée dans d'autres régions et au choc de compétitivité que constitue le passage au grand gabarit."
Elle rappelle ainsi que "4 millions de tonnes de marchandises transitent aujourd'hui par le canal du Nord, avec une part modale fluviale d'environ 3 %."
"Les prévisions de trafic sont de l'ordre de 20 millions d'ici 2060 grâce à l'ouverture du canal Seine-Nord Europe. Cela ferait passer la part modale de la voie d'eau sur cet axe à 12%, ce qui correspond au taux observé dans les territoires français desservis par la voie d'eau à grand gabarit", avance-t-elle.
Enfin, l'association "regrette, comme le fait la Cour des comptes européenne, les retards accumulés" mais fait valoir qu'il "n'a jamais été question, même pour elle, que le projet Seine-Nord Europe soit mis en service en 2002".