Vous avez sûrement déjà vu ces capsules grises traîner par terre. Le phénomène du "proto" explose.
Populaire dans les années 90, lors des free parties et des technivals, le protoxyde d'azote fait son retour depuis un peu plus d'un an. C'est particulièrement vrai à Lille. Selon le rapport annuel de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) publié ce jeudi 20 décembre, cette drogue bon marché est redevenue très prisée des jeunes.
"Les consommations observées dans la région des Hauts-de-France depuis les années 2000 se cantonnaient jusqu’ici aux milieux festifs alternatifs (free parties, teknivals), explique l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies. À partir de 2017, des consommations sont devenues soudainement visibles dans la ville de Lille."
Plusieurs types de consommateurs ont été identifiés clairement :
- des habitués des free parties qui consomment le protoxyde d’azote en association avec d’autres produits
- des collégiens et lycéens avides d’expérimentations dans un cadre collectif et « convivial »
- des jeunes impliqués dans le trafic de drogue comme guetteur (« choufs »)
- des prostituées qui utilisent le produit afin de mieux supporter leurs conditions de travail.
Ces capsules de protoxyde d'azote (appelé couramment "proto"), qui provoquent chez leurs jeunes consommateurs des fous rires de quelques instants, est donc consommé comme une drogue, et de plus en plus. En pratique, les utilisateurs vident une cartouche de proto dans un ballon de baudruche, puis hyperventilent dans ce ballon pour obtenir les effets désirés.
Ce gaz hilarant se trouve très facilement et n'est pas très chère : environ 20€ les 50 recharges. Ces petites capsules servent notamment pour les bonbonnes de chantilly.
Dangereux
Détresse respiratoire, arrêt cardiaque pour des consommateurs qui auraient une pathologie du cœur, troubles de la marche, paralysie de certains membres... Les risques graves du protoxyde d'azote existent même si les accidents restent très rares. Les risques sont démultipliés quand cette inhalation est combinée à la consommation de produits tels que du Poppers, des boissons énergisantes ou pire, de la cocaïne.
La consommation excessive de proto a déjà fait de nombreuses victimes : 17 personnes en seraient mortes en Angleterre entre 2006 et 2012, et deux cas de décès sont connus en France, dans l'Est, depuis 2016. Des décès ayant notamment pour origine une crise cardiaque, résultant d'une surconsommation.
Au-delà des risques pour la santé, certains médecins s'inquiètent de la "banalisation" de cette consommation de proto, notamment par une population de plus en plus jeune. "Cela induit un comportement d’expérimentateur, avec la volonté de vouloir rechercher des sensations avec d’autres produits", explique le Docteur Sophie Gautier, responsable du centre de pharmacovigilance du Nord Pas-de-Calais (CRPV).
D'où vient cette étude ?
"Créé en 1999 par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), le dispositif TREND (Tendances récentes et nouvelles drogues) assure une veille des phénomènes émergents dans le champ des drogues et décrit les populations particulièrement consommatrices.Ces éléments de connaissance permettent aux pouvoirs publics comme aux professionnels d’éclairer leurs pratiques et les politiques publiques. TREND appuie son observation sur un réseau de 8 sites implantés à Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Metz, Paris, Rennes et Toulouse".