L'Assurance maladie a lancé depuis novembre une expérimentation auprès de cinq entreprises au fort taux d'absentéisme, dont deux des Hauts-de-France, pour les inciter à mieux prévenir les risques.
Lombalgies, troubles musculo-squelettiques ou psychosociaux... Face à l'augmentation des pathologies liées aux conditions de travail, l'Assurance maladie vient de lancer une expérimentation auprès de grandes entreprises qui sont anormalement touchées par l'absentéisme.
L'anonymat préservé
En les informant des motifs d'arrêts maladie de leurs salariés - dont l'anonymat est préservé - et en comparant leur situation à celle de firmes "comparables", la CPAM espère pousser ces entreprises "à mettre en oeuvre des actions de prévention" et "à réduire certains facteurs de risques" mieux prévenir les risques professionnels selon un communiqué.
Depuis novembre, "cinq entreprises ont été visitées, à Amiens, Bourg-en-Bresse, Marseille, Grenoble et l'une sur la Côte d'opale", précise Laurent Bailly, en charge du programme, dans un entretien publié mercredi sur le site de l'Express.
"Elles relèvent du secteur de l'aide à la personne, du conseil, du gardiennage et de la sécurité" et se distinguent par "un taux d'absentéisme énorme" de 20%, présentant un nombre d'heures d'arrêts de travail "quatre fois supérieur à celui des entreprises de leur secteur et de leur région", selon M. Bailly.
Des entreprises de plus de 200 salariés
La Sécu peut déterminer les motifs d'arrêts de travail soit parce que l'assuré a été contrôlé, soit grâce à des algorithmes reconstituant les pathologies à partir des données liées aux consultations et aux remboursements de médicaments.
"Le traitement de ces données est autorisé par le Code de la Sécurité sociale". Les statistiques "partagées avec l'entreprise sont évidemment anonymes" et ne "concernent que des entreprises" de plus de 200 salariés "afin que le lien entre les causes d'absence et les salariés soit impossible".
Les partenaires sociaux ont donné le feu vert pour cette expérimentation, convaincus par les garanties de secret médical
Seuls "les arrêts pour troubles musculo-squelettiques (TMS), les lombalgies (même si elles peuvent relever d'un TMS), et ceux liés aux risques psychosociaux (RPS)" sont ciblés, précise par ailleurs M. Bailly.
"Les partenaires sociaux ont donné le feu vert pour cette expérimentation, convaincus par les garanties de secret médical" apportées, assure-t-il. Selon lui, l'Assurance maladie vérifiera "dans six mois, si des actions ont bien été mises en place", suivant une "logique 'd'offre de service' et pas 'de contrôle'".
La Sécu décidera après "évaluation" d'étendre ou non le dispositif à "plus d'entreprises".