La quarantaine britannique passe mal, entre stress ou colère des voyageurs et rush de l'industrie du tourisme

Les Britanniques ont cherché à rentrer chez eux en masse, ce vendredi, pour éviter une quatorzaine à leur retour.

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Stress pour certains, colère pour d'autres: la quatorzaine obligatoire imposée par le Royaume-Uni aux voyageurs arrivant de France bouscule vendredi les projets de centaines de milliers de vacanciers, certains tentant de rentrer en catastrophe pour y échapper.

La décision britannique, justifiée par une recrudescence de l'épidémie en France, s'applique dès samedi à 4H00 (3H00 GMT), laissant quelques heures aux voyageurs pour revoir leurs plans et arracher les derniers billets de train, d'avion ou de ferry disponibles pour éviter l'isolement.

241 euros minimum l'aller en Eurostar

Eurotunnel a fait savoir que ses navettes dans le tunnel sous la Manche était complètes jusqu'à samedi matin. Les trois vols Air France à destination de Londres-Heathrow affichaient complets tout comme les huit trains Paris-Londres qui se sont remplis dans la journée, au prix minimum de 241 euros l'aller simple dans la matinée. Environ 160.000 vacanciers doivent rentrer du Royaume-Uni vers la France, selon le gouvernement britannique, sans compter ceux qui  prévoyaient de traverser la Manche dans les semaines à venir. Et une partie des quelque 300.000 Français vivent au Royaume-Uni profitent de l'été pour se rendre dans leur pays.

La France a averti que la mesure entraînerait "une mesure de réciprocité", affectant potentiellement les résidents en France actuellement sur le sol britannique.

Paul Trower, retraité britannique, a choisi le ferry pour écourter ses vacances. "Ma femme travaille et je dois m'occuper de ma petite fille", a-t-il confié à l'AFP à Calais. Antoine est aussi rentré précipitamment à Londres, en Eurostar. "Je suis serveur dans un petit café, à côté de ma fac. Je ne peux pas me permettre de passer 14 jours chez moi !" a dit à l'AFP cet étudiant de 23 ans interrogé à la gare St-Pancras.L'obligation de quarantaine fera rater la rentrée scolaire aux enfants dont les familles rentreront la seconde moitié du mois d'août.

Riposte française

Le Royaume-Uni, pays d'Europe le plus touché par le virus, déplore plus de 41.000 décès et veut éviter l'importation de nouveaux cas alors qu'il connaît lui-même une résurgence.

"Nous avons fait tellement d'efforts dans ce pays pour abaisser les niveaux (de transmission du Covid-19), la dernière chose que nous voulons c'est que des gens reviennent et ramènent le virus", a plaidé le ministre des Transports Grant Shapps sur la BBC.  La nouvelle inquiète une nageuse australienne qui compte battre dimanche le record du nombre de traversées de la Manche. "Je vais rester à terre (en France) quelques minutes, puis je suis de retour dans l'eau (...) et je retourne en Angleterre", a raconté Chloe McCardel à l'agence PA. "J'espère que, techniquement, la quarantaine ne s'applique pas".

Des bateaux saturés

La quarantaine est également une mauvaise nouvelle pour les secteurs du tourisme et des transports, déjà très pénalisés par la situation sanitaire.

Du côté des navires Transmanche, le président du port de Calais, Jean-Marc Puissesseau, a indiqué à l'AFP avoir "demandé aux compagnies de ferries d'accepter le plus possible de véhicules de tourisme à bord de leurs bateaux et d'intensifier le nombre de leurs rotations entre Calais et Douvres". Chez la compagnie DFDS, le nombre de réservations pour vendredi a doublé dans la matinée.

Chez le breton Britanny Ferries, qui offrait sept relations vers l'Angleterre vendredi, la nouvelle est arrivée trop tard pour organiser de nouvelles rotations. "Nos bateaux sont quasiment pleins, il ne faut surtout pas que les gens viennent dans les ports s'ils n'ont pas de réservation", a prévenu le directeur général Christophe Mathieu.

"Roulette"

"Cela ne manquera pas d'avoir un impact sur le secteur aérien, déjà perturbé", a réagi dans un communiqué IAG, propriétaire de British Airways, hostile aux mesures de quarantaine. "La saison, déjà très mauvaise, va être encore pire", a estimé pour sa part le directeur général de Brittany Ferries, Christophe Mathieu.

Un porte-parole de l'aéroport londonien d'Heathrow a comparé la mesure à la "roulette", plaidant pour d'autres solutions, comme le dépistage.

Parallèlement, le gouvernement britannique a annoncé la réouverture samedi en Angleterre des casinos, bowlings et patinoires, ainsi que des théâtres et salles de spectacles pourvu qu'ils maintiennent une distanciation physique entre les clients. Prévue initialement début août, cette étape du déconfinement avait été repoussée en raison de la résurgence des cas.

Tout en accordant davantage de libertés, le gouvernement a durci les sanctions à l'égard des contrevenants, doublant l'amende imposée à ceux qui "enfreignent de manière répétée les règles de port du masque", obligatoire dans les transports en commun et les magasins, à un maximum de 3.200 livres (3.500 euros).
 
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