Depuis le début de l'année, un ou plusieurs groupes organisés et armés de barre de fer s'en prennent aux migrants de la jungle de Calais. certains parlent de "ratonnades" menées par de véritables "milices".
"On ne sait pas qui ils sont, ni d'où ils viennent, mais il s'agit d'attaque menées par un ou plusieurs groupes fascistes, et cela suscite des inquiétudes, une atmosphère pesante", nous confie Maya Konforti, de l'Auberge des migrants. Depuis le début de l'année, plusieurs témoignages font état de migrants tabassés par des groupes d'hommes vêtus de noir, rangers aux pieds, armés de barres de fer et de bombes lacrymogènes. Ils opèrent la nuit, à proximité de la "jungle", le long des 7 km qui la séparent de Calais, et même dans le centre-ville.
Les agresseurs surgissent de voitures, et s'en prennent violemment aux migrants. Le quotidien Nord Littoral se fait l'écho dans ses colonnes de ces "ratonnades" organisées par des "milices", selon ses termes.
Une dizaine de migrants agressés selon Médecins du Monde
Médecins du Monde confirme ce climat de violence et de passages à tabac ciblés, et racistes. "Nous avons recueilli une dizaine de témoignages de migrants sur la dernière semaine", expose Isabelle Bruand, coordinatrice régionale de l'organisation humanitaire. "Ce ne sont pas juste des bleus, il s'agit d'agressions extrêmement violentes, avec des fractures, des tabassages en règle avec des barres de fer", souligne-t-elle. L'ONG assiste les victimes dans leurs démarches pour porter plainte. La plupart n'osent pas le faire, d'autant que la tenue des agresseurs les font passer pour des policiers aux yeux des victimes. "Certains sont kidnappés, tabassés puis relâchés une heure plus tard dans la nature", témoigne encore Isabelle Bruand.Sans pouvoir se prononcer sur le nombre d'agressions, ni le nombre de plaintes déposées, le Parquet de Boulogne-sur-Mer nous a informés avoir ouvert mercredi une information judiciaire "contre personne non désignée pour agression avec arme, à l'encontre de trois Syriens survenue le 21 janvier dernier". Sans nous préciser de quelle arme il s'agit.
Disparitions inquiétante de migrants
L'article de Nord Littoral fait aussi état de plusieurs disparitions inquiétantes de migrants au cours des dernières semaines. Maya Konforti, de l'Auberge des Migrants, a eu écho de celle d'un exilé afghan, samedi dernier : "Il est parti à vélo pour se rendre au Lidl à Calais. Il a une petite épicerie dans la "jungle". Il n'a aucune raison de disparaître ainsi. Personne ne l'a revu depuis, on n'a pas retrouvé sa trace."Sur la toile, et sur Facebook en particulier, des groupes identitaires de Bretagne, Normandie et autres se vantent de venir "nettoyer Calais". Difficile de savoir s'ils mettent leurs menaces à exécution, et qui sont ces hommes "en noir" qui agressent les migrants.