Alors que la première journée de mobilisation contre la réforme des retraites se prépare chez tous ceux qui ont prévu de rejoindre les cortèges. Retour sur la chanson populaire, composante habituelle des défilés, avec ses classiques et ses titres revisités. Même si la pratique s'érode au profit des slogans et de pancartes de plus en plus inventifs.
Merguez, fumigènes, pancartes et char avec la sono : les basiques de toute manifestation qui se respecte. La chanson populaire a toujours occupé une place prédominante dans les cortèges.
Dans le Nord, où la classe ouvrière a longtemps été sur-représentée, cette histoire de la chanson de protestation a commencé dès les chants de mineurs. Dans son album Renaud Cante el' Nord, le chanteur populaire avait repris ou composé plusieurs chants de grève comme "Le tango du cachalot".
De "On lâche rien" à "Basique" : les anciens et nouveaux classiques
Certains classiques ne se sont jamais démodés, comme "On lâche rien" de HK et les Saltimbanks ou "Motivés" du groupe Zebda. Plus récemment, l'hymne de la résistance italienne "Bella Ciao", remis au devant de la scène par la série La Casa de Papel, s'est imposée dans le trio gagnant.
"Les chants partisans en eux-mêmes ont peu évolué", estime Stéphane Sirot, historien spécialiste du syndicalisme interviewé par l'AFP. En revanche, les hits qui ont marqué la culture commune sont l'objet de nombreuses revisites.
La chanson phare de l'artiste belge Angèle, Balance ton quoi, a notamment été reprise lors des grèves de soignants et d'avocats. Le rap français s'est aussi fait une place dans les rangs des contestataires avec le tube "Basique" de l'artiste Orelsan.
En 2020, le groupe "Les Rosie" est devenu star des manifs pour sa reprise intitulée "A cause de Macron". Un tube empruntée à la reprise de la chanteuse Yelle dont le très coloré "A cause des garçons" a été l'une des bandes-son des années 2000.
Pancartes et slogans, la relève de l'expression populaire
Mais la chanson populaire a tout de même cédé du terrain aux slogans, eux aussi chargés d'histoire. Le rythme en cinq notes que l'on a pu entendre dans les manifestations de gilets jaunes "Macron démission, Macron démission" est tiré de "L'air des lampions". Cette hymne révolutionnaire remonte à 1848. Autre classique déclinable à l'envi : "Macron, si tu savais, ta réforme, ta réforme..." a lui vu le jour en 1986 et visait l'ancien ministre de l'Enseignement Supérieur Alain Devaquet.
Autre désormais plébiscité : l'inventivité des pancartes, qui avec l'air des réseaux sociaux sont un moyen d'expression à haut potentiel de viralité.
Les syndicats ne manquent d'ailleurs plus l'occasion de préparer des visuels à télécharger et à imprimer dans la composition de leurs kits manifs. C'est vrai, l'ère de la chanson populaire est aujourd'hui révolu mais l'expression populaire, elle, est loin d'être éteinte.