Réforme des retraites. La France insoumise tente de mobiliser à Amiens Nord et devant les usines : "j'espère que ce sera le point de départ d'un grand mouvement social"

À quelques jours de l'appel à la grève contre la réforme des retraites, les opposants tentent de mobiliser les habitants. Ce dimanche, les militants insoumis tractaient sur le marché du Pigeonnier.

Le lieu n'est probablement pas choisi au hasard. Le marché du Pigeonnier est au cœur d'Amiens Nord, dans la circonscription qui a réélu François Ruffin député en juin dernier. Ce dimanche, des militants de la France insoumise ont bien l'intention de créer de la discussion autour du projet du gouvernement de réformer le système de retraites, en reculant notamment l'âge légal de départ à 64 ans.

Dans les allées du marché, le sujet intéresse et fait débat. "Je suis partagée, j'ai pris ma retraite à presque 65 ans, mon ami aussi, on n'en est pas morts", estime une retraitée. Quelques minutes plus tard, autre son de cloche de la part d'une agente d'entretien. "Déjà, à 56 ans, je ne sens plus mes bras et mes jambes, c'est un peu dur selon le métier qu'on fait, confie-t-elle. Et puis, quand je vois mes parents qui ont travaillé toute leur vie et qui sont en retraite n'ont déjà pas grand chose, surtout ma mère... Nous, on va avoir quoi ? Et après, les enfants ? Si ça se trouve, eux, ils n'auront plus rien."

L'espoir d'une mobilisation massive

Tract à la main, Hugues, militant insoumis, aborde un habitant : "On sera tous concernés, et certains plus que d'autres : pour ceux qui vivent déjà dans la précarité, ça va être encore plus difficile. Il faut se mobiliser contre ça, sinon ils ne s'arrêteront pas, ils n'auront pas de limite." L'homme l'écoute avec attention, mais semble désabusé. "On écoute, mais qu'est-ce qu'on peut faire ? s'interroge-t-il. On n'a pas la force."

Hugues et les autres militants tentent justement de convaincre les habitants qu'il est possible d'agir, proposant même de réserver une place dans un bus pour aller manifester à Paris samedi 21 janvier, deux jours après l'appel à la grève du 19 janvier. "J'espère que le 19 sera le point de départ d'un grand mouvement social, qui se poursuivra le 21 mais aussi après, avec d'autres appels syndicaux et des mouvements de grève, précise Hugues. Il faut œuvrer pour que ça arrive, on verra si ça fonctionne, mais il faut mettre toutes les chances de notre côté."

Convaincre les ouvriers

La veille, François Ruffin lui-même a tracté avec un groupe de militants devant diverses entreprises d'Amiens.

Là aussi, le choix des lieux ne doit rien au hasard : trois usines, celles de Goodyear, de Valéo et de Procter. Or, d'après une étude Ifop réaliser début janvier pour Politis, 81% des ouvriers seraient favorables à un retour à la retraite à 60 ans. L'enquête révèle aussi que 73% d'entre eux soutiendraient ou auraient "de la sympathie" pour la mobilisation contre la réforme.

Premier "round" le 19 janvier

La CGT a également prévu de sillonner la ville pendant plusieurs jours pour sensibiliser les habitants à leur cause et coller des affiches. Le camp adverse quant à lui ne semble pas avoir prévu d'actions spécifiques pour tenter de convaincre les Amiénois d'adhérer à la réforme. 

Benoît Mercuzot, élu en charge des finances à la Ville et à la Métropole et futur référent départemental du parti présidentiel, estime que le temps est à la patience. "Attendons de voir ce qui va se passer jeudi (19 janvier, ndlr), attendons de voir comment les salariés, les citoyens, vont adhérer à ce mouvement que tentent de mettre en œuvre les syndicats, indique-t-il. (...)  Le gouvernement a travaillé pendant plus de six mois avec les représentants syndicaux. Les arbitrages ont été rendus au niveau du gouvernement, maintenant c'est le débat devant le Parlement qui va s'ouvrir. Ce débat va durer au moins deux mois, attendons de voir ce qui va se passer, mais la nécessité même de la réforme des retraites ne peut pas être remise en cause."

Il faudra attendre le 19 janvier pour savoir si les Amiénois répondent à l'appel à la mobilisation. Les syndicats ont appelé à la grève dans plusieurs services publics, et pour ceux qui ne pourront pas se rendre à la manifestation parisienne, un rassemblement est organisé devant la Maison de la Culture.

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