Régionales 2021 Hauts-de-France : Laurent Pietraszewski et l’affaire du petit pain trop cuit, ça chauffe

Laurent Pietraszewski, secrétaire d’Etat chargé des retraites et de la santé au travail, tête de liste de LREM aux régionales dans les Hauts-de-France, dément avoir licencié une hôtesse de caisse, en 2002 à Béthune, alors qu’il était le responsable RH de l’hypermarché Auchan.

C’est le lot commun des inconnus qui font une irruption brutale dans l’arène politique : en passant de l‘ombre à la lumière, ils prennent le risque de voir leur passé consciencieusement inhumé et (parfois) cruellement mis à jour. Gare à celle ou celui qui n’a pas réglé toutes ses factures, payé ses impôts, déclaré tous ses revenus, clos son compte en Suisse… etc.

Laurent Pietraszewski, lui, voit revenir en boomerang (et en boucle) une vieille histoire datant d’une lointaine époque où il était le responsable RH de l’hypermarché Auchan de Béthune ; une hôtesse de caisse qu’il aurait licenciée pour le vol d’un malheureux pain au chocolat.

La dernière en date à en faire ses choux gras, c’est l’écologiste Karima Delli, la tête de liste de la gauche aux élections régionales dans les Hauts-de-France. Il est 8 heures 30. On est le 28 mars dans la matinale de France Info. Interrogée sur la candidature de Laurent Pietraszewski, elle dégaine immédiatement : "j’apprends, lorsqu’il était à la tête d’un groupe qui s’appelle Auchan, qu’il n’a pas pleuré lorsqu’il a renvoyé juste une salariée, parce qu’elle avait pris un pain au chocolat. Je crois, elle a été renvoyée pour ça." En fait, il n’y a eu qu’une journée de mise à pied. Pas de renvoi.

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/8h30-fauvelle-dely/strategie-sanitaire-du-gouvernement-elections-regionales-en-pleine-pandemie-de-covid-19-le-8h30-franceinfo-de-karima-delli_4332537.html

C’est L’Humanité qui avait exhumé l’affaire en décembre dernier. D’après le journal communiste, une hôtesse de caisse du rayon boulangerie, également déléguée CFDT, aurait été sanctionnée pour avoir donné à une employée de la galerie marchande un petit pain au chocolat trop cuit. De témoignage en témoignage, on apprend que le responsable RH du magasin – le futur ministre – aurait appelé la police et que l’employée se serait retrouvée en garde à vue. Sur France-Inter, un délégué régional CFDT raconte : "vous voyez le traumatisme que cela a été pour ma collègue qui est partie entre deux flics pour une histoire de petit pain. Cela a été d’une violence sans nom." Sur BFM, on évoque "un épisode de chasse aux sorcières particulièrement violent, complètement disproportionné, une discrimination syndicale." La Voix du Nord parle "d’une affaire de licenciement pour vol". L’Obs enfonce le clou après sa rencontre avec un autre syndicaliste d’Auchan qui décrit l’ancien DRH comme "carriériste, hypocrite, méchant, qui licenciait à tout va." L’Obs met en doute "la compassion du ministre pour les plus pauvres." Les réseaux sociaux s’emballent.

Je vois bien qu’on veut me faire endosser le rôle du méchant croque-mitaine social. Alors je vous le dis : cette histoire, qui met en cause mon professionnalisme et mon humanité, est complètement fausse.

Laurent Pietraszewski

Jusqu’à maintenant, Laurent Pietraszewski – qui s’estimait tenu à une certaine confidentialité - faisait le dos rond. Mais son entrée en campagne pour La République En Marche pour les élections régionales de juin prochain change la donne. Il ne pouvait plus ne pas réagir. "Je vois bien qu’on veut me faire endosser le rôle du méchant croque-mitaine social. Alors je vous le dis : cette histoire, qui met en cause mon professionnalisme et mon humanité, est complètement fausse."

En recoupant plusieurs sources d’informations, voilà ce qui se serait passé dans l’hypermarché de Béthune en 2002. Une caissière du rayon boulangerie a pris l’habitude d’offrir tous les jours des viennoiseries à ses collègues de la galerie marchande. Ca finit par se savoir. Les agents chargés de la sécurité sont alertés, constatent les faits sur leur réseau de télésurveillance et informent la hiérarchie. On parle alors d’ "irrégularités d’encaissement".

La direction porte plainte. La police procède à son enquête. De nombreuses personnes sont entendues. La caissière fait l’objet d’une mise à pied conservatoire, en attendant une éventuelle sanction. "Non je n’ai pas appelé la police, se défend Laurent Pietraszewski. Non, la salariée en question n’est pas sortie du magasin encadrée par la police. La police n’est pas intervenue à ma demande. Elle n’a fait que son travail. C’est la procédure normale. Mais très vite, c’est le barnum. Il y a de la tension, beaucoup de tension. Ca dure plusieurs jours."

Il faut dire que le contexte est houleux. L’employée incriminée est une jeune déléguée CFDT, très active sur le plan syndical, une forte personnalité qui n’hésite pas à tenir tête à sa direction. Une partie des salariés se mobilisent. L’inspection du travail est saisie et refuse au responsable RH le licenciement. Auchan obtempère. La salariée reprend son poste, sans engager de recours aux prud’hommes pour contester sa sanction. Fin de l’histoire.

Le candidat-ministre précise qu’à cette époque, il n’était pas le DRH d’Auchan, mais le responsable RH du magasin. Précision pour lui importante. "Mon rôle a été d’examiner des éléments objectifs." Sur le site professionnel dédié aux acteurs RH, Liaisons-Sociales, un ancien chef de caisses du magasin de Béthune estime que Laurent Pietraszewski a fait preuve dans cette affaire "de courage".  "Il a gardé le cap" dit-il.

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