Régionales : affirmations, chiffres, annecdotes qu'est-ce qui est vrai ou faux dans les annonces des candidats ?

Pendant la campagne, les candidats aux élections régionales font des annonces,  s’appuient sur des faits ou des chiffres qui peuvent s’avérer faux. Comment savoir ? Pour les trois principaux candidats en Nord Pas-de-Calais / Picardie, France 3 Picardie a entrepris un décryptage.

Ils enchaînent les meetings ou les apparitions télévisées. Les trois favoris des élections régionales des 5 et 13 décembre font des annonces, racontent des anecdotes, donnent des chiffres et ne sont pas, parfois, à une approximation près. Décryptage par France 3 Picardie.

Xavier Bertrand, un engagement phare très flou


Engagement phare de Xavier Bertrand (LR), il entend donner 60 000 emplois à des chômeurs en les formant à des métiers dont les patrons de la région auraient besoin. Il avance le chiffres de « 120 000 emplois non pourvus dans la région ». En réalité, 120 000 correspond au nombres d’intentions d’embauches déclarées par les employeurs au printemps. Depuis, certains postes ont été pourvus, d’autres n’ont finalement pas été proposés. L’idée d’une foule d’emplois vacants est un fantasme. A Pole Emploi seules 3 % des offres ne trouvent pas de candidat.

Le candidat Les Républicains voudrait « offrir des offres d’apprentissage à tous les jeunes » et tripler la prime aux employeurs qui prennent un apprenti. Par contre, il critique les contrats aidés et l’assistannat. Mais l’apprentissage en fait partie et la région y investit davantage que dans les emplois d’avenir par exemple.

Xavier Bertrand fait de la sécurité un des thèmes phares de sa campagne. Il ne pourra rien contre les migrants de Calais, dont l’accueil n’est pas du ressort de la région. En revanche, son annonce de développer la vidéosurveillance dans les communes et dans les gares est réalisable, même si son efficacité fait débat.
Pour justifier l’emploi de davantage d’agents de sûreté ferroviaire, le candidats Les Républicains se plaît à raconter l’histoire d’une maman, « pas particulièrement inquiète de nature », mais qui lui aurait confié qu’elle est rassurée de recevoir « un petit sms quand sa fille part à Lille en train ».  Sous-entendu, les trains régionaux ne seraient pas forcément sûrs. Selon son auditoire, l’anecdote change légèrement : ce n’est plus « une maman » mais lui-même qui s’inquiète pour sa fille Caroline. Une histoire qui parle à tout le monde. Difficile de dire laquelle est vraie.

Marine Le Pen, des annonces qui pourraient se heurter à la réalité


Marine Le Pen fait une annonce réalisable  quand elle prévoit : « nous privilégierons l’emploi local par la mise en place de critères sociaux et environnementaux dans les marchés publics. » Donner un marché public à une entreprise juste parce qu’elle est locale c’est interdit. Mais c’est vrai, la région peut fixer un cahier des charges auquel seul une entreprise locale peut répondre. Ce que les entreprises extérieures pourraient contester en justice.
La candidate du FN fait elle aussi de la sécurité un de ses thèmes de prédilection. Or, la sécurité n’est pas une compétence régionale. Elle souhaite créer une police régionale des transports mais c’est l’Etat qui gère la police. Elle veut aussi des portiques et des caméras dans les lycées mais elle n’aura pas la possibilité de l’imposer aux proviseurs.

« Notre équipe est nouvelle, elle est composée de personnalités locales très représentatives de notre territoire », annonce la candidate.  L’équipe qui se présente aux élections régionales pour le FN n’est pas nouvelle, plusieurs candidats ont déjà une carrière politique derrière eux. Elle-même n’est pas locale, elle est née à Neuilly-sur-Seine et n’a qu’une location dans le Nord. Est-ce qu’une seule femme et trois sexagénaires en tête de liste sont représentatif de la région ? Aux électeurs d’en juger.

Marine le Pen se donne pour « objectif dans son mandat » de faire du Nord Pas-de-Calais/ Picardie la région la moins imposée de France. Peut-être, mais les foyers n’en profiteront pas. La région ne s’occupe d’aucun impôt direct seulement de deux contributions payées par les entreprises.  La question est plutôt de savoir comment la région financerait les projets coûteux du FN : une université des métiers d’art, une autre des métiers de la mer, l’isolation des logements, le développement du ferroviaire, des services à la personne et même de l’économie sociale et solidaire, que les élus FN ont pourtant toujours combattu au Conseil régional.

Pierre de Saintignon, discret, amplifie un peu le bilan socialiste


Pendant sa campagne, Pierre de Saintignon (PS) est peu apparu dans les médias. Il peut se présenter comme « un élu de la région » - alors que ses concurrents plus difficilement. Bien qu’issu de la noblesse Lorraine, Pierre de Saintignon est totalement Nordiste : il est patron d’une entreprise d’insertion lilloise depuis 1978, vice-président de région et adjoint de Martine Aubry.

Il affirme que « la région a créé plus d’emplois qu’elle n’en a détruit cette année ». Ce qui est faux. Selon l’Insee, le nombre d’emploi est stable dans le Nord Pas-de-Calais et l’an dernier, la région en a perdu. Aujourd’hui le chômage augmente moins que la moyenne nationale mais le taux reste plus fort : 12, 8 % contre  10% en France.

Pierre de Saintignon revendique le succès de l’emploi « DJ », ou « direct jeune », qui a créé « 10 300 emplois » dans les entreprises privées de la région. Mais l’objectif initial était de donner 50 000 emplois en trois ans. Il en espère désormais 20 000 nouveaux tous les ans. Difficile à croire,  même dans une grande région.
L'actualité "Politique" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Hauts-de-France
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité