La présidente du Front national Marine Le Pen a lancé dimanche à Amiens sa campagne pour les régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, où des sondages la donnent favorite.
Son discours, à bord d'une péniche où 130 militants environ s'étaient rassemblés, a surtout porté sur l'économie et le social. Elle a ainsi, par exemple, affirmé qu'elle imposerait "des critères sociaux et environnementaux pour les marchés publics" et qu'elle souhaitait "interdire la sous-traitance à plus de 5% dans les marchés publics". Il faudra également "favoriser la vente directe pour rapprocher les agriculteurs des consommateurs" et "favoriser l'économie circulaire", a affirmé celle qui est donnée en tête au second tour dans deux sondages cette semaine.
Mme Le Pen s'exprimait avec, à ses côtés, Steeve Briois, maire FN d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). En réaction à ces sondages, elle s'est dite "sereine", tout en rappelant que l'élection "n'est pas jouée", mais se faisant fort de "dénoncer les résultats déplorables de nos adversaires". Interrogé sur le caractère social - à ce stade - de son programme, elle a répondu: "Je suis en faveur d'une économie libre, et pour que le conseil régional soit là pour mettre un environnement favorable aux entreprises. Ce n'est que du bon sens. Si ça c'est du socialisme, j'aimerais savoir ce que les socialistes ont mis en oeuvre!".
Elle s'est, par ailleurs, peu étendue sur le dossier immigration, sensible dans cette région où près de 4.000 migrants vivent dans les camps du Calaisis et du Dunkerquois. Elle s'est contentée de réaffirmer qu'il fallait "arrêter d'aider les associations d'aide aux clandestins". Autres voeux énoncés: stopper "les nouvelles fermetures de gares en milieu rural" et créer "des maisons médicales dans les zones reculées".
Présidente de région et candidate à la présidentielle ?
Questionnée en outre sur la difficulté à éventuellement concilier présidence d'une région et campagne présidentielle, elle a d'abord affirmé que "ceux qui souhaitent me voir diriger la grande région Nord-Pas-de-Calais-Picardie souhaitent que je sois présidente de la République". "Par conséquent ils comprennent tout à fait (...) que, pendant quelques mois, je me consacrerai en effet à ce combat électoral présidentiel".Une position que n'a pas manqué de critiquer le candidat PS Pierre de Saintignon : elle "n'en a que faire de la région, elle parle d'autre chose et elle a la tête ailleurs, comme Xavier Bertrand. Le seul qui est ancré dans la région c'est moi", a-t-il dit à l'AFP. Et d'insister, en référence à une proposition de la candidate FN: "Si elle avait travaillé pour cette région, cela se saurait. Il n'y a pas une seule subvention donnée sans contrepartie pour l'emploi. Cela fait 17 ans que ça existe...".
Quant à Xavier Bertrand, chef de file Les Républicains, il a répliqué sur BFM. "Cette élection est jouable et gagnable!". "Oui, elle est en tête dans les sondages, comme elle était favorite sur le papier depuis bien longtemps. Aux dernières européennes, le FN avait dix points d'avance. Je prends le risque, je ne reste pas dans le confort".
Mme Le Pen a ensuite inauguré en début de soirée son local de campagne à Amiens, où environ 350 personnes ont manifesté en fin de journée, principalement des militants du Front de gauche, a constaté un journaliste de l'AFP. A l'issue de cette inauguration, un conseiller municipal FN à Amiens, Jean-Paul Montigny, a subi l'agression d'un militant d'extrême gauche qui lui a assené un coup de tête, le blessant à l'arcade sourcilière, selon une source policière. Ce militant a été placé en garde à vue.