Pour le sénateur du Nord et ex-ministre, l'âge pivot pourrait n'être qu'une "provocation", un "chiffon rouge".
Le président du groupe PS au Sénat Patrick Kanner a dénoncé dimanche le "caractère organisé, voire cynique" de la méthode du gouvernement pour sa réforme des retraites, voyant dans l'âge pivot "un chiffon rouge".
"On peut s'interroger sur le caractère peut-être organisé, voire cynique de cette affaire", a déclaré M. Kanner dans l'émission "Dimanche en politique" sur France 3, au lendemain du "compromis" proposé par le Premier ministre Edouard Philippe aux partenaires sociaux de retirer l'âge pivot de 64 ans.
Une reculade savamment orchestrée ?
"On vient de vivre deux ans d'improvisation, deux ans d'impréparation, deux ans de navigation à vue. Et à partir de là est-ce-que le chiffon rouge agité par M. le Premier ministre le 11 décembre en disant 'âge pivot', n'était pas une provocation pour aboutir ensuite à un désengagement pour dire : 'J'ai cédé sur quelque chose'?", s'est-il interrogé.
"Dans le texte même (signé par le Premier ministre), il dit : 'Je suis disposé à retirer l'âge pivot, mais vous avez jusqu'au 30 avril pour trouver une solution'. Moralité: on se moque du monde. C'est injouable dans le temps, c'est préparer avec l'aide objective du Medef le retour de l'âge pivot", s'est insurgé Patrick Kanner.
"Flou organisé"
Après avoir demandé le "retrait de la réforme", "un objet législatif non identifié" en vue duquel "aucune étude d'impact n'a été faite", le sénateur du Nord a prévenu : "Ce que nous ne voulons pas, c'est qu'un débat parlementaire s'engage alors qu'il n'a pas abouti entre partenaires sociaux".
"Je m'étonne que le président de la République et le Premier ministre n'aient pas pensé à rencontrer au moins les présidents de groupes, écoutez nous", s'est exclamé Patrick Kanner, avant de demander: "Quelle est l'intention qui se cache derrière ce flou organisé ?"
L'examen du projet de réforme des retraites, présenté en Conseil des ministres le 24 janvier, doit commencer le 17 février à l'Assemblée nationale avant de passer au Sénat en avril.