André Murawski, ex-membre du Rassemblement national et actuel conseiller régional des Hauts-de-France estime que le RN est proche de la cessation de paiement. Il demande à la Cour des comptes d'évaluer les finances du parti, une demande refusée par la Cour s'estimant incompétente.
La Cour des comptes a indiqué ce vendredi 5 juin qu'elle n'est "pas compétente pour contrôler les comptes" des formations politiques, qui relèvent d'une commission spécifique. Cette compétence est confiée en 1990 à la Commission nationale des comptes de campagne et des financement politiques (CNCCFP), "relative à la limitation des dépenses électorales et à la clarification du financement des activités politiques".
Un ex-militant du Rassemblement national, conseiller régional des Hauts-de-France, André Murawski, avait demandé à la Cour de se pencher sur les finances de son ancien parti. Il le juge proche de la cessation de paiement, ce que réfute le parti. L'élu demandait "qu'un contrôle des comptes de l'association Rassemblement national soit diligenté et qu'il soit rédigé un rapport d'information du public", dans un courrier daté du mercredi 3 juin et adressé au président de la Cour des comptes et aux responsables de la juridiction financière.
"Prenant acte" de la réponse de la Cour des comptes, André Murawski a indiqué qu'il allait envoyer le même courrier à la CNCCFP.
Le RN a reçu environ 5,5 millions d'euros de l'Etat pour l'année 2020
L'aide publique, que les partis politiques reçoivent chaque année, est "par définition financée par le contribuable" et "la confiance que nos compatriotes placent dans notre démocratie (dépend) tout particulièrement de l'exemplarité des représentants et administrateurs des partis et groupement politiques", avait fait valoir André Murawski, qui a quitté fin 2018 le RN avec d'autres élus de la région.
Or le RN a dû rembourser sur cette aide 4,4 millions d'euros au microparti Cotelec du cofondateur du FN, Jean-Marie Le Pen, emprunt contracté pour la campagne présidentielle de 2017. En outre, le RN n'a pas encore remboursé un prêt russe de 9,6 millions d'euros contracté en 2014. Poursuivi en justice par son créancier, le parti vient de trouver avec lui "un accord à l'amiable".
Avec ce prêt russe, le RN s'est "mis dans une situation de dépendance encore aggravée par son incapacité à rembourser le dit emprunt", dépendance qui "pourrait être de nature à altérer sa capacité à exercer son activité librement et, donc, à respecter les principes de la souveraineté nationale", soutient l'élu.
Le RN en "situation de cessation de paiement" ?
Au vu de ses comptes annuels, dans le rouge depuis 2012, avec des réserves "négatives", le RN se trouve donc en "très grande difficulté, voire en situation de cessation de paiement", conclut-il dans son courrier.
Le RN a réagi en affirmant que cet élu avait "une volonté de nuire" et que le parti "réfléchissait à déposer plainte pour dénonciation calomnieuse". "Nous ne sommes pas proches de la cessation de paiement, sinon on ne pourrait pas payer nos salariés", a-t-on ajouté au RN, en rappelant que ses comptes avaient "été soumis puis validés" par la CNCCFP.
A propos du prêt russe, le RN a indiqué avoir obtenu, dans l'accord à l'amiable, un "rééchelonnement" du remboursement du prêt contracté en 2014. Le parti de Marine Le Pen a subi une nouvelle perte en 2018 de 2,4 millions d'euros, et son endettement fin 2018 atteignait 24,4 millions d'euros, dont 15 millions à échéance de moins d'un an, selon les derniers comptes publiés.