Catherine Laurent a vécu douze années de vie maritale ponctuées de violences conjugales. Les nombreuses plaintes déposées n'ont pas suffi à empêcher son ex-conjoint de récidiver à plusieurs reprises. Elle espère que justice sera rendue.
De multiples plaintes, procès verbaux et certificats médicaux, c'est ce qu'il reste aujourd'hui des douze années de vie maritale que Catherine Laurent, 55 ans, a partagé avec un homme de 14 ans son cadet.
Cet ancien gendarme l'a frappée à de nombreuses reprises, surtout sous l'emprise de l'alcool, notamment en présence de la fille de Catherine Laurent, âgée d'une dizaine d'années seulement, qu'il a également tenté d'agresser.
Elle raconte son calvaire.
Un quotidien ponctué de violences en tout genre
L'histoire de Catherine Laurent avec celui qu'on appellera Didier avait bien commencé. "C'est quelqu'un de très gentil, qui m'a donné une impression de gentillesse. Je me suis sentie tout de suite bien avec, confie-t-elle. Ça a été très vite, on s'est installé ensemble quatre mois après, il m'a présenté ses parents. Je pensais être tombée sur l'homme idéal."
Elle avait connaissance de ses problèmes avec l'alcool mais portait l'espoir de pouvoir l'aider. "J'ai dit 'je vais y arriver, je suis quelqu'un de très fort'". Mais malheureusement, la réalité la rattrape rapidement. "Il conduisait complètement bourré, sans permis. Je me suis demandé comment j'allais faire pour m'en sortir".
Il conduisait complètement bourré, sans permis. Je me suis demandé comment j'allais faire pour m'en sortir.
Au cours de leur relation, Didier plonge Catherine Laurent dans un climat de violence et de crainte. "Au début, il se battait avec son frère, ou bien des gens, des étrangers, explique-t-elle. Puis quand je commençais à raler, quand je voyais qu'il buvait un peu trop, je commençais à dire 'stop' et ça ne lui plaisait pas du tout."
La violence qu'il fait subir aux autres s'immisce alors au sein du foyer. Les abus émotionnels sont quasi-quotidien. Des "t'es moche" et "t'es grosse" à tout bout de champ viennent ponctuer ses journées. Et les coups commencent à suivre, deux ans après leur première rencontre. "C'est quand j'ai commencé à prendre des coups que je me suis réveillée en me disant qu'il faut que je porte plainte".
Plusieurs plaintes, des certificats médicaux et des injonctions d'éloignement
Catherine Laurent porte plainte à plusieurs reprises. D'abord à Vauvert, dans le Sud, où Didier, qui reconnaît les faits, utilise le même argument qu'il reprendra à plusieurs reprises, lorsque sa conjointe porte plainte : "Je m'excuse, j'avais trop bu, je me rendais plus compte de ce que je faisais". Et il recommence systématiquement.
Un jour, "il a tout cassé, il a cassé l'arbre de Noël, il a tout jeté" et a pris les béquilles de sa fille qui "ne pouvait plus marcher", se rappelle-t-elle. Un autre, lors d'une énième dispute, "il m'a attrapée par la gorge, m'a claquée contre la machine à laver et puis de là j'ai rebondi, et je suis tombée par terre. J'ai cru que j'allais mourir".
Il finira par écoper d'un an de prison ferme, puis ressortira avec un bracelet électronique. Il promet à nouveau à Catherine Laurent de ne plus recommencer et s'engage à rester sobre. Mais cela ne dure pas longtemps. Didier retombe dans ses travers et continue de faire vivre l'envers à sa conjointe.
Un jour, j'ai dit "c'est fini, je me défendrai jusqu'au bout". Il me tapait et je lui rendais.
"Je suis toujours restée pour essayer de l'aider, mais il me rabaissait tout le temps, raconte-t-elle. Un jour, j'ai dit 'c'est fini, je me défendrai jusqu'au bout'. Il me tapait et je lui rendais".
L'ultime séparation n'a pourtant pas arrangé les choses
Le temps passe, les violences continuent (les plaintes aussi) et Didier décide finalement de quitter Catherine Laurent pour rejoindre sa "maîtresse" en août 2019.
Malgré la séparation, une ultime dispute a lieu en août dernier. Son ex-conjoint s'est rendu à son domicile et lui a donné une forte "claque". Résultat : un tympan sérieusement endommagé et 16 jours d'incapacité de travail.
Maintenant que la page semble tournée pour Catherine Laurent, elle attend que ce multirécidiviste soit sévèrement puni. Elle s'en veut également d'avoir rendu sa fille "malheureuse". "Ma fille est là, elle en a subi énormément, regrette-t-elle. Elle me dit toujours 'Maman, tu aurais dû partir, tu as bradé ma jeunesse, et c'est vrai'. Mais bon, voilà, l'amour rend aveugle".
Il est connu depuis très très longtemps, donc ce que j'attends c'est que la justice me soit rendue.
"Il est connu depuis très très longtemps, donc ce que j'attends c'est que la justice me soit rendue parce que la perte d'autonomie de mon oreille, avoir des acouphènes, c'est atroce", explique Catherine Laurent, qui déplore la lenteur des tribunaux et espère que justice lui soit rendue.