C'est une curiosité qui ravit les passants et amateurs d'ornithologie : deux faucons pèlerins se sont installés tout en haut de la Tour de Saint-Amand-les-Eaux. Une manière pour la mairie de réduire un peu le nombre de pigeons - leur repas préféré.
L'histoire commence en 2012, "c'est là qu'on a eu le tout premier contact", entame Vincent Gaveriaux. Ce jour-là, l'illustrateur et photographe naturaliste aperçoit un faucon pélerin, scrutant le paysage depuis la Tour de Saint-Amand-les-Eaux. Venu des contrées nordiques, l'oiseau s'est arrêté pendant sa migration, annuelle, vers des températures plus douces. "Certains faucons pèlerins sont des oiseaux nordiques, qui viennent de Scandinavie. L'hiver, ils vont hiberner au Sud et repartent au printemps", explique Vincent Gaveriaux.
Pendant deux ans, l'oiseau revient, l'hiver, dans le Nord. C'est à ce moment-là que la mairie s'enthousiasme : son installation définitive serait une excellente nouvelle. Les faucons pèlerins, en effet, adorent se régaler de pigeons. Une aubaine pour une ville qui en compte un peu trop. "Nous avons installé un nid en haut de la tour", explique le photographe, qui fait partie du Groupe Ornithologique et Naturaliste du Nord-Pas-de-Calais.
Alors, une femelle est arrivée, trouvant ce nid à son goût. "Elle est née à 30km de là, c'est une locale", plaisante Vincent Gaveriaux. "Elle devait être à la recherche de nouveaux territoires." Finalement, le premier mâle ne revient pas. Mais un autre oiseau, venu de Gand s'installe avec la femelle. Les deux font la paire. "La présence de la femelle est compréhensible. En revanche, le mâle de Gand est plus âgé. Et on ne sait pas du tout ce qu'il a pu faire pendant 4 ans. Un mystère..."
Le retour du pèlerin
La belle histoire se pousuit en mai par la naissance de deux petits oisillons. Une merveille pour les promeneurs mais aussi pour les scientifiques. Entre les années 70 et 90, cette espèce avait en effet presque complètement disparu, notamment en Belgique. "Après-guerre, la transformation de l'agriculture a fait des ravages, surtout par l'utilisation de pesticides. Cela rendait les faucons stériles. Et puis, à cette époque, l'espèce n'était pas encore protégée. Certains leur tiraient dessus", souffle Vincent Gaveriaux.
Depuis l'interdiction de ces pesticides, l'espère renaît peu à peu. Dans des endroits parfois insolites. "Normalement ce sont des oiseaux qui aiment nicher sur les falaises. Mais de plus en plus, surtout dans la région et en Belgique, on les trouve sur des bâtiments très en hauteur, comme les beffrois", poursuit le photographe. "Ils s'installent à une certaine hauteur mais n'ont pas peur des humains. Lorsqu'ils sont perchés, on peut tout à fait les observer. Ils n'ont même pas peur des feux d'artifices !"
A Bruxelles, 19 couples de faucons pèlerins ont été recensés. "A terme, ça pourrait être la même chose à Lille", sourit Vincent Gaveriaux. La famille de Saint-Amand est en tout cas bien partie pour rester.