Porté par de bons sondages, Jean-Luc Mélenchon, candidat à l'élection présidentielle, a défendu ce dimanche à Saint-André-lez-Lille son virage vert, égratignant sans relâche la droite et détaillant les nombreux intérêts économiques et sociaux de la "planification écologique".
Plutôt que François Hollande, que Jean-Luc Mélenchon se plaît souvent à éreinter dans ses discours, c'est cette fois Emmanuel Macron mais surtout "les sept autres", les candidats à la primaire de la droite, qui ont reçu le plus de critiques. Les réduisant à "des représentants syndicaux des 1% de ceux qui payent l'impôt sur la fortune", il les a accusés de s'en tenir à la politique de l'offre et ne pas se "rendre compte de l'essentiel : le nouveau modèle économique (...), c'est un modèle qui nous permet le retour au plein emploi". "Notre point de départ politique, ce n'est pas seulement la générosité (...), c'est la crise de l'écosystème et l'intérêt général humain", a expliqué M.Mélenchon qui s'est exprimé pendant une heure et demie en clôture de la première convention nationale du mouvement créé pour porter sa candidature, "La France insoumise".
A Saint-André-lez-Lille, devant le petit millier de représentants de ses quelque 130 000 sympathisants (dont deux-tiers tirés au sort), qu'il a comparés à "un joyau", il a défendu en développant les exemples de la forêt, l'alimentation ou les déchets, le principe de la "planification écologique". "La logique de la préoccupation écologique jusqu'au bout permet de revitaliser l'économie sur des bases qui sont respectueuses de l'écosystème et qui donnent du travail", a-t-il argumenté, appelant à lutter "contre les clichés" qui veulent que la classe ouvrière ne serait pas favorable à l'écologie. Chassant directement sur les terres d'Europe Ecologie-Les Verts, le député européen qui avait réuni 11,1% des voix en 2012 sans approfondir la question environnementale, a rappelé que "l'écologie politique, ce n'est pas seulement la protection de tel ou tel écosystème, c'est une pensée globale".
"Processus révolutionnaire"
"C'est pourquoi je vous parle et vous reparle de la planification écologique", a-t-il ironisé. "Ce serait bien qu'un jour, on arrête de nous dire: "la planification c'est comme l'URSS"", a-t-il enjoint, rappelant que "De Gaulle planifiait ! Et De Gaulle n'était pas un communiste le couteau entre les dents". La première "Convention de la France insoumise" qui a commencé samedi était l'occasion de présenter son programme pour la présidentielle, "L'avenir en commun". Ravi d'avoir réussi à "mettre de côté tous les codes qui pouvaient bloquer" la formation de ce mouvement car il ne s'agit pas d'une organisation politique traditionnelle, M. Mélenchon s'est enorgueilli d'un "processus révolutionnaire". "Je ne peux pas être le Président de la République qui applique ce programme sans que le peuple tout entier s'en mêle", a-t-il déclaré. Tous invités à s'exprimer après des mois de consultations et d'échanges sur le programme, ses quelque 130 000 sympathisants, ont été finalement 11 362 à voter pour les dix mesures (parmi 357) qu'ils estimaient prioritaires pour la campagne.Parmi ces mesures, la sortie des traités de libre-échange avec les Etats-Unis ou le Canada, le Smic à 1.300 euros nets ou encore l'instauration de la règle verte consistant à ne pas prélever à la nature plus qu'elle ne peut renouveler. Quant aux délicats sujets de la guerre en Syrie, des relations avec la Russie, et de l'afflux de réfugiés, M. Mélenchon les a abordés à la fin de son discours. Il a renvoyé les responsabilités à l'Otan, soutenu par l'actuel gouvernement, et plaidé pour que "la France soit un facteur de paix, pas un protagoniste d'aggravation des guerres". Dans un sondage Ifop publié par Le Journal du dimanche, le candidat de "la France insoumise" arrive à la première place (34%) des personnalités qui "incarneraient le mieux les idées et valeurs de la gauche", devant François Hollande, Emmanuel Macron et Arnaud Montebourg (19% chacun), puis l'écologiste Cécile Duflot (9%).