Six associations ont déposé une plainte vendredi devant le tribunal de grande instance de Dunkerque contre EDF, pour provoquer une enquête judiciaire sur "des tuyauteries d'évacuations clandestines déversant des effluents potentiellement contaminés dans l'environnement" de la centrale de Gravelines.
Deux inspections de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) ont mis en évidence "le laisser-aller" régnant à la centrale : "Les substances rejetées par ces tuyauteries, qui se déversaient dans le canal puis dans la mer, n'avaient fait l'objet d'aucune évaluation environnementale", écrivent dans un communiqué le réseau Sortir du nucléaire, l'ADELFA, les Amis de la Terre Dunkerque, France Nature Environnement, Nord Nature Environnement et Virage Énergie.
"Pourtant, certaines étaient destinées à évacuer des eaux pluviales ruisselant sur des zones susceptibles d'être contaminées par des éléments radioactifs (entre autres par le tritium, substance extrêmement pénétrante et susceptible de provoquer des dommages à l'ADN) ; d'autres évacuaient des déchets liquides provenant de zones de dépotage d'acide chlorhydrique ou d'hydrocarbures", soulignent les associations.
EDF reconnaît un "écart administratif"
Elles mentionnent dans leur plainte 14 infractions au code de l'environnement et à la réglementation relative aux installations nucléaires de base. Les associations s'interrogent : "EDF se croit-elle au-dessus des lois, pour construire ces canalisations sans autorisation et ignorer les prescriptions de l'ASN ? Cette attitude est d'autant plus inadmissible qu'elle a peut-être déjà débouché sur une pollution chimique ou radioactive des eaux".Le service communication de la centrale de Gravelines a répliqué auprès de l'AFP : "Ces canalisations sont chargées de collecter de l'eau de pluie et de mer. Il n'y a eu qu'un écart administratif, mais pas d'impact sur l'environnement". "A la suite de l'inspection de l'ASN en avril 2016, nous avons mis en place un plan d'actions, à l'issue duquel neuf canalisations sur 11 on été bouchées et leur flux dévoyé sur d'autres canalisations", a ajouté cette source.
"L'arrêté encadrant les rejets, datant de 2003, est en cours de modification", a-t-elle affirmé. "L'ASN, les pouvoirs publics et les associations bénéficient d'un suivi régulier de la situation, EDF n'a jamais pensé être au-dessus des lois".
La centrale de Gravelines, située en bord de mer entre Dunkerque et de Calais, fonctionne avec six réacteurs. Elle est la plus importante centrale nucléaire d'Europe de l'ouest, employant 1.854 salariés.