5 décès de la maladie de Charcot dans la même rue d'un village : "les investigations sont en cours" selon les autorités de santé

La maladie de Charcot ou Sclérose Latérale Amyotrophique (SLA) est une maladie rare du neurone moteur. Au moins cinq personnes en sont décédées dans une rue du village de Saint-Vaast-en-Chaussée dans la Somme. Le maire se dit inquiet tandis que Santé Publique France a lancé une investigation pour savoir s'il existe une cause commune.

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Au moins cinq personnes atteintes de la maladie de Charcot sont mortes dans le village de Saint-Vaast-en-Chaussée, située dans la Somme, au nord d'Amiens, entre 2009 et 2023.

Leur point commun ? Elles habitent le même quartier, et plus précisément deux rues collées l'une à l'autre.

Un 6e potentiel cas

"On est à 6 décès maintenant", précise Marc Vignolle, maire du village. Au départ, le compte s’était arrêtée à 5, mais : "j’ai appris il y a une semaine, suite à la parution de l’article du Courrier Picard, qu’il y avait un premier de cas de Charcot, le plus ancien", dans la même rue, ajoute l'édile.

À l’époque, ils pensaient à un décès dû à la maladie de Creutzfeldt-Jakob. "Mais apparemment, non, il est décédé du Charcot. Donc je suis en train de vérifier ça", auprès de ses ayants droit, afin d'avoir confirmation. La première personne est décédée en 2009, "le premier, c'était peut-être 2000, mais je ne suis pas encore sûr. Le dernier décès date de 2023."

L'édile a contacté l'agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-France en 2020. Selon lui, la seule réponse qu'il a eue a été : "il n'y a rien de grave, vous êtes dans les statistiques nationales, il n'y a pas plus de décès qu'ailleurs."

Je n’arrêtais pas de leur dire que ce qui était quand même compliqué, c’est que c’était dans la même rue. Est-ce qu’il se passe quelque chose dans cette rue ? Est-ce qu’il ne faut pas faire des analyses d’eau, de terrain, des analyses de je ne sais pas quoi ?

Marc Vignolle, maire de St-Vaast-en-Chaussée

A priori, la cause du cours d'eau polluée ne peut pas être avancée car il n'y en a pas dans le village. "Il y a une nappe phréatique puisqu’on avait un captage et notre château d’eau qui distribuait l’eau sur le village", poursuit le maire. Mais il est fermé depuis une douzaine d’années et les cas se sont poursuivis après. "L’eau ne vient plus du tout de St-Vaast depuis 12 ans", précise-t-il.

"Ce n'était pas des gens de la même famille"

Marc Vignolle note que les personnes décédées n'appartenaient pas à la même famille et n'étaient "pas de catégorie socioprofessionnelle identique". Les profils sont différents : "il y avait des gens qui habitaient là depuis un moment et d’autres qui sont venus s’installer plus tard". Parmi les victimes, il n'y a pas d'agriculteurs, "donc pas d'exposition directe aux produits phytosanitaires".

Quant à l'ambiance du village, "ça va, à part les nouveaux habitants parce qu'on a 40 maisons de lotissement qui sont construites entre 2020 et 2023" dans une rue qui jouxte celle concernée par le nombre inquiétant de malades. "Quelques administrés posent des questions : est-ce qu'il y a un risque ? etc. À part leur dire que je ne sais pas, je suis démuni par rapport à tout ça."

Contactée, l'ARS indique que ses équipes "ont étudié ce signalement avec la plus grande attention afin d’identifier avec précision auprès des services hospitaliers et/ou des médecins traitants le nombre de malades connus. 5 cas d’habitants, vivant dans la même rue ou dans une rue perpendiculaire pour l'un d'entre eux, ayant contracté la maladie entre 2007 et 2022 ont ainsi été confirmés". Elle ajoute qu'elle "n'a pas connaissance d'autres cas déclarés dans la commune."

Une démarche d'investigation en plusieurs étapes

De ce fait, Santé Publique France (SPF) nous informe qu'elle a été saisie par l'ARS Hauts-de-France pour obtenir des éléments de réponse afin de connaître "si la suspicion de surincidence / agrégat spatiotemporel est objectivable pour la pathologie évoquée" et "rechercher, le cas échéant, l'existence d'un facteur de risque commun aux cas."

Pour le moment, les investigations sont en cours. "Elles ont tout d'abord pour objectif de documenter finement les cas. La documentation des cas est une première étape indispensable à l'investigation du cluster", éclaircit SPF.

L'organisme a d'ailleurs "établi une démarche d'investigation en plusieurs étapes". En s'appuyant sur "la littérature et les guides internationaux", ils ont "produit un guide méthodologique d'investigation des regroupements spatiotemporels de cas de maladie non infectieuse (cluster)". Ce protocole de l'investigation prévoit "la collecte d'informations sur les problèmes de santé ayant fait l'objet d'un signalement sur l'environnement dans lequel il est survenu."

Santé Publique France avance que "le principe scientifique directeur de l'investigation d'un signalement de cluster réside dans la notion que, s'il y a regroupement 'anormal' de personnes atteintes d'une même maladie, elles pourraient partager une exposition à une ou plusieurs causes communes et que cette situation d'exposition ne soit pas retrouvée dans le reste de la population."

Dès lors, l'objectif est de déterminer s'il existe effectivement "un excès statistique de maladies dans la population observée". Si celui-ci existe, alors il faut déterminer "une ou plusieurs causes locales à ce regroupement de cas, autres que le hasard, sur la ou lesquelles il est possible d'agir", conclut l'organisme.

Avec Jennifer Alberts / FTV

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