La Croix-Rouge a proposé dimanche 30 mars à Abbeville dans la Somme une formation aux premiers secours adaptée pour les personnes sourdes ou malentendantes, ainsi qu'à leurs proches.
"C’est important d’adapter les cours pour les personnes sourdes, car tout le monde en a besoin". Sourd profond, Michel Dodit sait mieux que personne l'importance de la formation proposée par la Croix-Rouge à Abbeville. Ce dimanche 30 mars, il découvre en compagnie de trois autres stagiaires les gestes qui sauvent.
Face à eux, deux formatrices en premiers secours qui alternent entre la théorie, en langue des signes (LSF) et avec des vidéos sous-titrées, et la démonstration : "La personne sourde ne peut pas lire sur les lèvres et voir les gestes en même temps (...) Nous sommes un binôme : quand je parle, Isabelle ne fait rien et quand elle fait, je ne dis rien", explique Nathalie Honoré, formatrice premiers secours de la Croix-Rouge.
Des défibrillateurs encore inadaptés
L'atelier est destiné aux personnes malentendantes, sourdes et aux coda (acronyme anglais pour children of deaf parents, enfants de parents sourds), comme Yamadou et Anna Camara. Les deux adolescents qui maîtrisent la langue des signes ont conscience de l'importance de leur rôle : "Je peux intervenir pour sauver des gens sourds qui sont dans la rue et n’arrivent pas appeler des gens, ", assure Yamadou. "Si une personne sourde saigne, je peux lui dire "je peux t’aider, je suis là", confirme sa sœur Anna.
La formation intitulée "Autrement capable" est fondée sur le référentiel Prévention et secours civiques de niveau 1 (PSC1). Les stagiaires apprennent notamment à réaliser un massage cardiaque et à utiliser un défibrillateur.
Malheureusement, cet équipement, qui guide l'utilisateur avec des messages vocaux, n'est pas adapté au handicap auditif : "Je suis sourde, je ne pourrai pas entendre ce qui est dit. Je vois seulement la lumière, c’est tout. Il faut que quelqu’un entendant à ma place puisse écouter le défibrillateur. Ce n’est pas facile", constate Marie Bihi, une des stagiaires.
Écrit, vidéo et langue des signes
Le travail conjoint de la Croix-Rouge et de l'Union nationale d'associations de parents d'enfants déficients auditifs a permis de faire évoluer les outils pédagogiques, souligne la présidente de l'Unapeda, Françoise de la Charlerie : "On s’est rendu compte (...) qu'il [manquait] le 114, le numéro pour les personnes sourdes pour appeler les secours [ndlr : le 114 permet de communiquer par écrit ou en visio]. L’adaptabilité des modules de formation est très importante. On a deux autres modules prévus en région parisienne et il faudrait développer ça dans tous les départements de France et en outre-mer".
Le matériel pédagogique qui comprend de l'écrit, de la vidéo et de l'explication signée, est pensé pour s'adresser à tous les stagiaires en situation de handicap auditif, selon leur niveau de communication, de formation, d’oralisation et de maîtrise de la LSF. L'Unepada réfléchit à inclure également une traduction en Langue française parlée complétée (LfPC).