Pour les petits comme pour les grands, le chocolat est bien souvent un indispensable à Pâques. En 2024, alors que le prix du cacao flambe, la hausse se fait aussi ressentir pour les professionnels du secteur. Côté consommateurs, elle reste limitée.
Une forme arrondie enrobée d'un chocolat onctueux. Ils ont beaux être mignons, en poule ou en lapin, les chocolats de Pâques ont grignoté cette année une partie des économies. Comme l'ont constaté plusieurs consommateurs dans les rayons : "Il y a quand même à peu près 30 % d'augmentation", "On achète peut-être moins, mais mieux du coup."
La tonne de cacao dépasse les 10 000 dollars
Depuis le début de l'année, le prix de la tonne de la fève s'est envolé : + 130 % en trois mois. Sur le marché international, le cours du cacao, source principale du chocolat, ne cesse d'augmenter et a même dépassé la barre symbolique des 10 000 dollars, soit 9 200 euros. La tonne de cacao coûte désormais plus cher que la tonne de cuivre. Cette hausse importante s'explique notamment par la multiplication de sécheresses en Afrique de l'ouest. La Côte d'Ivoire et le Ghana sont les deux premiers pays producteurs de cacao, avec 60 % de la production mondiale de fèves. À l'automne dernier, ils ont subi de fortes précipitations qui ont favorisé l'apparition des maladies, avant de traverser des périodes de sécheresse.
Cette hausse est en premier lieu subie par les professionnels. C'est ce qu'explique Nicolas Haag, maître-artisan chocolatier et co-gérant des "chocolats de Nicolas" à Amiens : "On a payé plus cher. On a eu entre 20 et 30 % d'augmentation. Le but, c'est d'arriver à trouver et à pallier les augmentations en restant raisonnables dans les prix."
Avec Anne-Sophie Haag, sa femme, en boutique, ils assurent ne quasiment pas avoir augmenté leurs tarifs : "On a travaillé sur le coût de la matière première, sur le mode de fabrication, mais aussi sur tout ce qui est emballage. Le client est sensible à ne pas prendre systématiquement un sac. Mois d'emballage, ça permet de réduire le coût. [...] On n'a pas augmenté les prix de 30 %. Le ballotin en décembre était au même prix qu'en mars. Pour nous, le chocolat doit être accessible à tous."
Un prix du chocolat négocié en 2023
D'une petite production à une grosse, il n'y a que quelques mètres. Pendant Pâques, c'est près de 3 000 clients par jour qui passent à la chocolaterie Trogneux dans le centre-ville d'Amiens. En vitrine, aucune hausse constatée.
Ici, les gros volumes ont permis de négocier il y a longtemps le prix du cacao. "Le chocolat qu'on vend aujourd'hui en mars 2024, on l'a acheté en janvier 2023, au moment où le cours du cacao était normal", détaille Jean-Baptiste Trogneux, chocolatier. Dans quelques mois, le commerçant espère renégocier ses contrats à un taux plus bas.
Si l'inflation reste limitée à Pâques en 2024, l'explosion des cours devrait, malgré tout, se faire ressentir davantage dans les magasins d'ici à plusieurs mois.
Avec Jules Beaucamp/FTV