Accompagnés d'élus, une quinzaine de manifestants se sont réunis devant la gare d'Abbeville, lundi 4 décembre, pour dénoncer le manque d'investissement de l'État et de la région dans les dessertes ferroviaires des côtes picardes. Ils réclament la réouverture de la ligne Abbeville-Le Tréport, fermée depuis 2018.
Qu'attend-on pour rouvrir la ligne Abbeville vers Le Tréport (Seine-Maritime) ? Une quinzaine de personnes se sont rassemblées sur le parvis de la gare d'Abbeville ce lundi 4 décembre vers 7h30 pour dénoncer l'état "catastrophique" de la desserte ferroviaire des communes du littoral picard.
"Rétablir cette ligne, c'est une promesse que j'ai entendue en 2022 de la bouche du président et candidat Emmanuel Macron, qui était d'ailleurs en concurrence, à l'époque, avec Xavier Bertrand dans la campagne présidentielle, raconte le sénateur (PS) Rémi Cardon, présent lors de la mobilisation. Et bien figurez-vous qu'on a deux grands absents aujourd'hui : l'État et la Région [présidée par Xavier Bertrand, NDLR].
Une ligne oubliée
Lors du vote de la partie mobilité du plan État-Région ce 23 novembre, le conseil régional des Hauts-de-France n'a pas fait mention de cette ligne, suscitant l'indignation des usagers et élus locaux. Les trains ont cessé de circuler entre Le Tréport et la sous-préfecture de la Somme maritime fin mai 2018, en raison d'une trop faible affluence.
C'est dommage que les usagers en pâtissent encore et encore, année après année, sans qu'une solution ne leur soit proposée à l'heure où le gouvernement nous fait des plans de mobilités qui demandent de limiter la voiture. Pour cette question de la ligne entre Abbeville et Le Tréport, ils sont aux abonnés absents.
Rémi Cardonsénateur (PS) de la Somme
Ce collectif d'élus et d'usagers a aussitôt écrit au ministre des Transports Clément Beaune et aux régions Hauts-de-France et Normandie pour alerter sur leur situation [Le Tréport se situe en Normandie, à la frontière avec la Somme, NDRL]. Ils estiment que, par manque d'investissement sur le chemin de fer du littoral, il est désormais devenu "mission impossible" de voyager depuis les gares de Noyelles-sur-Mer (Somme), du Rue, de Rang-du-Fliers (Pas-de-Calais) ou d'Étaples.
"Si on parle de coût financier sur des investissements ferroviaires, ça veut dire que l'État pense qu'on n'a pas d'avenir dans ce département, notamment à l'ouest, assure le sénateur (PS) Rémi Cardon. Si aujourd'hui on veut relancer à la fois les petites lignes et nos gares qui structurent le département, je pense qu'il faut oser mettre les moyens, c'est un investissement à long terme. On ne peut pas dire aux usagers automobilistes d'arrêter de prendre leur voiture et ne pas investir dans le ferroviaire. (...) on n'a aucune garantie aujourd'hui. Et des garanties, c'est ce qu'on vient chercher avec ce collectif."
Une question d'emplois
Conseillère départementale (DVG), Julie Vast estime à plusieurs dizaines le nombre de personnes touchées par cette fermeture de ligne. "Certains ont même perdu leur emploi puisque plus de train aux horaires convenus," affirme-t-elle.
Le premier frein à l'emploi, c'est la mobilité. Donc si on veut que les gens retournent à l'emploi, c'est bien ce sujet sur lequel il faut mettre le paquet. Le moindre village devrait être désservi. Or là, c'est même pas sur le quai qu'on laisse ces gens, mais c'est carrément chez eux.
Julie Vastconseillère départementale (DVG) de la Somme
"Je travaille dans le domaine de l'insertion, où on demande énormément de démarches, de rendez-vous et de formations. C'est un programme qui pourrait être intéressant si on mettait les moyens en termes de transports, notamment sur cette ligne Abbeville-Le Tréport, soutient Julie Vast. Pas mal de personnes pouvaient se rendre à leur travail grâce à cette ligne, et de manière beaucoup plus simple qu'avec la desserte de bus, moins adaptée aux horaires de travail à l'usine ou en bâtiment." Le collectif déplore de même le manque de fiabilité de la ligne de bus remplaçant la ligne condamnée.
Avec Lena Malval / FTV