Antoine, c’est l’homme de Picardie ! Avec un caractère nettement plus joyeux, le jeune papa ne cache pas sa joie d’être à la barre d’une Freyssinet pas franchement flambant neuve, mais bourrée d’histoires de mariniers. Aujourd’hui, le bateau est amarré à Eaucourt-sur-Somme et le charbon qu’elle transportait a laissé place à un restaurant-buvette. En ce mercredi frisquet et brumeux, Antoine nous fait la visite, le cœur brûlant !
À notre arrivée sur le parking, le bateau apparaît sur le quai comme si on allait partir en croisière. Accoudé au bastingage, Antoine nous salue et nous souhaite la bienvenue.
Nous montons dans cette immense baleine aux poumons décrassés de son charbon pour y trouver une grande salle de restaurant entièrement lasurée par ses soins.
"Quand je me suis mis à peindre les murs je pensais qu’un simple vernis suffirait… Mais en fait non ! Les normes imposées par la loi nous demandent de mettre une lasure spéciale anti-feu qui coûte 2 000 euros les 5 litres ! Et tout est comme ça sur le bateau !"
Antoine.
Amandine sa compagne, pas mieux. Mais à eux deux, ils ont relevé le défi et après des mois de travaux tout est désormais aux normes. Par exemple, il faut entretenir le moteur, car la péniche doit à tout moment être manœuvrable, mais on leur interdit d’avoir, ne serait-ce qu’un centilitre de fioul dans les réservoirs.
Mais leur but dépasse les obstacles de l’administration française. L’idée de départ était de se poser sur la véloroute et de servir de halte restaurant pour tous les cyclistes ou les randonneurs qui vont (ou reviennent) de la baie de Somme ou simplement les promeneurs qui passeraient par-là !
Dans les faits cela fonctionne, mais il est très difficile de pouvoir se sortir un salaire pour deux.
" Impossible de faire les courses et de remplir mes frigos si je n’ai pas la garantie d’avoir de la clientèle le midi. Du coup, on fonctionne beaucoup en réservation ou en petit nombre de clients. Et notamment pour les groupes. Les repas des aînés, c’est super !"
Un vrai savoir-faire
En cuisine, Amandine, veste noire floquée du nom du bateau prépare activement le déjeuner du petit groupe qui a réservé pour le déjeuner. Et on ne nous avait pas menti quand on nous parlait de ses frites ! Un vrai savoir-faire.
"Moi ici, c’est mon domaine. Antoine gère le bar moi ma cuisine ! Et je teste toujours des choses. Là, par exemple, on a des pommes qui sont tombées sur le parking. J’en ai cueilli des fraîches et je teste un Ch’ti ramissou ! Des pommes, du mascarpone monté en chantilly et des spéculoos broyés".
Alors qu’est-ce qu’ils sont allez faire dans cette péniche ?
Et bien la réponse est simple. Ils aiment leur territoire ! Et ils veulent le faire vivre. Ils voulaient proposer aussi un service original sans sacrifier la vie de famille. Manon et Alice, leurs deux filles, sont souvent sur le bateau et font l’animation.
L’une en jouant partout et l’autre en voulant faire comme sa mère sous le regard attendri du capitaine.
Jessy’s est un projet qui fait vivre le village d’Eaucourt-sur-Somme à l’heure où, post-covid, la tendance se veut plus proche du terroir.
Manque juste la clientèle pas encore assez nombreuse malgré les bons commentaires trouvés sur les sites spécialisés.
Mais l’homme de Picardie est tenace et espère pouvoir embaucher rapidement. Tout porte à croire qu’avec de la patience, des idées et de la persévérance leur projet finira par aboutir et eux de pouvoir enfin sortir enfin la tête de l’eau.
