Une association de bénévoles passionnés restaurent des trains à vapeur du 19e siècle et les font rouler sur des rails qu'ils posent eux-mêmes à Crèvecœur. Thibaut Rysman est allé à leur rencontre sur un chantier de ballast.
Quand vous arriverez dans l’ancienne gare SNCF de Crèvecœur-le-Grand dans l'Oise, vous allez vous demander si vous ne vous êtes pas trompés de chemin. Et pourtant, en ouvrant bien les yeux et les narines vous allez très vite trouver des petits signes qui ne trompent pas. D’anciennes traverses, des rails entreposés ici et là...
Puis vous tomberez sur la maison de l’ancien garde barrière avant d’arriver sur ce qui devait être le quai où les voyageurs du Beauvais-Amiens pouvaient embarquer. Et puis cette odeur de goudron et de graisse mélangés. C’est bon, vous êtes arrivés au Musée des tramways à Vapeur et des chemins de fer du réseau secondaire, le MTVS !
Une équipe soudée
Aussitôt, une flopée de bénévoles, bleu de travail sur le dos et cambouis sur les joues, vient vous saluer et surtout vous dire "bienvenue !" Le monde du rail est une affaire de passionnés. Ici à Crèvecœur, depuis une dizaine d’années, on cherche à redonner vie à de vieilles machines, 1898 pour les plus anciennes. Et pour cela il faut reconstruire des voies. Quatre kilomètres exactement. Cela paraît peu, mais à l’échelle d’une association c’est leur tunnel sous la Manche à eux. Il faut défricher, niveler, poser des traverses, faire venir les voies, ballaster (mettre les gros cailloux entre les traverses et la voie), puis ajuster, régler et enfin avoir le bonheur de pouvoir faire rouler ces vieilles grosses cocottes minutes en fonte sur ces rails reconditionnées.
Olivier Jeanneau, président de l’association, et son équipe, ce sont les Mac Gyver du chemin de fer. Pour eux rien n’est impossible. Tout est bon dans la récup, tout est bon dans les bons plans. Exemple avec ce ballast qu’il faut sans cesse déplacer. Pas de problème, un jeune bénévole pouvait avoir une grosse pelleteuse. Besoin d’une ballasteuse ? C’est parti on en fait venir une très ancienne mais diablement efficace. À condition de se protéger les oreilles au risque de se la jouer Beethoven.
Ici tout le monde apporte son petit truc. Certain c’est la mécanique, d’autres l’ingénierie. Nos femmes s’occupent de l’animation et de l’accueil des visiteurs, certains gèrent la buvette. On est une vraie équipe hyper soudée.
Olivier Jeanneau.
Le rail, une passion qui se partage
Et puis les machines, parlons-en : 150 en tout ! Des locomotives, des wagons, des porteuses de charbons... Une partie de tout ce trésor se trouve à Butry dans le Val d’Oise, mais l’objectif est de tout réunir à Crèvecœur. Imaginez la tâche !
Et puis enfin la notion de partage. Les bénévoles et Olivier parlent tout le temps de P.A.R.T.A.G.E.R leur passion. Ici ce n’est pas comme dans les cockpits d’avion, vous avez l’obligation de demander à monter avec le conducteur qui se fera un plaisir de vous montrer comment on fait avancer une loco. D’ailleurs ce n’est pas si simple vous verrez toutes les étapes à réaliser avant que ces monstres d’acier ne bougent leurs énormes roues sur de si petits rails.
Vous savez ici moi ce qui me plait c’est expliquer et partager ma passion. Si ça vous a plu alors moi je suis le plus heureux ? J’adore partager !
Yves, bénévole.
"Le train à Vapeur du Beauvaisis" se visite donc à l’ancienne gare de Crèvecœur le Grand les premiers et troisièmes dimanches de mai à octobre, départs à 14h, 15h30 et 17h.
Et puis à Noël les week-ends de décembre il y a de fortes chances de croiser qui-vous-savez. Non pas avec ses reines mais plutôt avec son train de Noël rempli de cadeaux…