Bernadette Guillain vient de reprendre le camping du Vélodrome à Albert, elle veut préserver "le vrai camping" et laisser des emplacements pour les tentes et les caravanes. En France, ces espaces pour les campeurs diminuent de plus en plus et sont remplacés par du locatif.
Bernadette Guillain est bien décidée à faire de son nouveau camping à Albert, "le paradis du campeur". Cela fait tout juste trois mois qu'elle en est la gérante et elle a déjà des idées plein la tête. Ce qu'elle veut en premier lieu, c'est conserver "le vrai camping", c'est-à-dire accorder une place importante aux tentes, aux camping-cars, aux caravanes etc
Comme de nombreux autres vacanciers, elle fait un constat amer de la situation : " c'est indéniable, il y a de plus en plus de locatif : mobil-homes, logements insolites et de moins en moins de place pour les campeurs, alors que c'est quand même la base du concept". L'INSEE chiffre à 2,1% la diminution de ces espaces nus entre 2010 et 2016.
Un collectif pour sauver le camping
Selon le collectif "Sauvons le camping", dont Bernadette Guillain fait aussi partie, chaque année il y aurait une diminution de 3% de ces emplacements au profit du locatif. En dix ans, 190 000 parcelles auraient disparu et certains camping même n'accueillent plus de campeurs.
" On à l'impression que les campings sont devenus des usines à fric avec tous ces mobil-homes. Parfois quand on demande un emplacement pour notre camping-car il n'y en a pas et impossible d'obtenir une prise électrique", explique Joel Autefort, campeur. Pour remédier à cette situation, le collectif a créé une pétition, 29 311 personnes l'ont déjà signé.
"Une histoire de point de vue et de vécu"
Ils proposent notamment de rajouter un critère dans le classement des campings. Tous les 5 ans, ceux-ci sont contrôlés afin de leur attribuer de 1 à 5 étoiles. Le collectif voudrait rajouter un prérequis "qui imposerait de réserver un minimum raisonnable de leurs emplacements aux campeurs en tentes, camping-cars, vans ou caracvanes...", mentionne le site internet.
Pour Bernadette Guillain, " c'est une histoire de point de vue et de vécu. Mais l'esprit camping, c'est vraiment des situations insolites, une vie en collectivité et conviviale, et ça, je ne veux pas le perdre !"
Il faut dire qu'elle a aussi en gérance un camping à Péronne, depuis deux ans, où il y a un peu plus de mobil-homes, et elle voit très bien la différence. " Il y a quelques jours par exemple, des vacanciers en location m'ont demandé un couteau à saucisson, je sais que dans le camping d'Albert ils se seraient débrouillés entre campeurs. Quand il y a du locatif, les gens restent beaucoup plus entre eux et ne partagent plus d'espaces communs comme les barbecues, les sanitaires qui facilitent l'échange ..."
Faire un mix pour préserver "l'esprit camping"
Pour autant, l'idée n'est pas de bannir mobil-homes et les logements insolites, " vraiment nécessaires à la rentabilité du camping", atteste la gérante, mais plutôt de faire un mix. Elle précise : " pour que tout le monde s'y retrouve et qu'on puisse avoir du personnel, il faudrait un ratio entre 10 et 20% de locatif sur l'ensemble des 80 emplacements".
Elle espère aujourd'hui pouvoir mettre en place ce modèle d'ici 2-3 ans. Même si la forme actuelle semble déjà séduire quelques vacanciers comme Joel Autefort : " ça fait vraiment camping authentique comme avant, on s'y sent bien".