Abandons d'animaux : comme chaque été, la SPA est saturée, "il y a beaucoup plus de demandes que de places"

La période estivale est toujours difficile pour les refuges : c'est la saison qui accuse le plus d'abandons d'animaux de compagnie. Cette année, la SPA fait face à une hausse des abandons liés à l'inflation et à la baisse du pouvoir d'achat.

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"Baghera, c'est un très bon chien, sociable avec les enfants, les chiens, les chats, son seul point négatif, il faut quand même le savoir, c'est qu'il est destructeur", prévient Augustin d'Alcantara, agent animalier à la SPA de Poulainville.

Quand une famille montre de l'intérêt pour ce chien, il préfère jouer franc-jeu, car Baghera a déjà vécu deux tentatives d'adoption ratées à cause de ces problèmes comportementaux. "Il est destructeur parce qu'il a passé beaucoup de temps en fourrière, donc il a un manque d'attention. Donc pour attirer votre attention, il va avoir tendance à détruire", précise-t-il. L'agent animalier conseille même de se faire accompagner par un comportementaliste.

Trouver la bonne famille

Lorsqu'on souhaite adopter un animal, il y a de nombreuses choses à anticiper. Cette famille, par exemple, a déjà une chienne à la maison, Nikita. Un test est donc organisé pour s'assurer que les deux animaux peuvent cohabiter. Si Baghera est tout excité à l'idée de rencontrer une femelle, Nikita n'a pas peur de lui montrer les dents et d'aboyer.

"Je voulais voir comment il allait prendre le fait qu'elle le remette à sa place. Il réagit très bien, reste dans une phase de jeu et ne montre aucune agressivité, se réjouit Augustin. Elle, c'est normal qu'elle lui montre les dents et qu'elle lui aboie dessus, puisqu'il la harcèle. Mais on voit bien que ce sont deux chiens qui ne montrent pas d'agressivité l'un envers l'autre."

Baghera fait partie des 123 animaux actuellement placés au refuge de Poulainville. Comme chaque été, le site est occupé à 100 %, et chaque fois qu'une place se libère, elle est vite comblée par une autre bête venue de fourrière. Mais pas question pour autant d'être moins rigoureux sur les familles choisies pour adopter. "Évidemment, on veut qu'ils partent tous et trouvent leur foyer, mais pas nécessairement le plus vite possible. Il faut trouver le foyer qui leur correspond, sinon, on risque de les voir revenir", précise Augustin. 

La loi exige d'ailleurs que les personnes souhaitant adopter un animal signent un certificat d'engagement et de connaissance spécifique de l'espèce en question.

Des abandons liés à l'inflation

Au total en France, les refuges de la SPA comptent plus de 8 000 animaux cet été. Un chiffre qui n'a jamais été aussi élevé selon l'association. En plus de celle d'Amiens, des fourrières de région parisienne sollicitent le refuge de Poulainville pour leur envoyer des animaux. "Il va falloir qu'on fasse des choix, concède Amélie Depoorter, responsable du refuge. Quelques places se sont libérées grâce aux placements faits ce week-end, mais j'ai beaucoup plus de demandes que de places."

Si elle constate un pic d'abandons chaque année au début de la saison estivale, elle a remarqué cette année une nouveauté. "Il y a des problématiques supplémentaires liées à l'inflation et au pouvoir d'achat des personnes, constate-t-elle. Beaucoup de foyers ont des difficultés financières et ça se ressent, surtout pour les animaux qui ont des pathologies et dont les propriétaires n'ont pas les moyens de subvenir à leurs soins, et demandent donc à abandonner leurs animaux."

Un engagement à prendre au sérieux

Elle déplore les achats compulsifs en animalerie, qui terminent encore trop souvent en abandons, et plaide pour une stérilisation systématique des chiens et des chats. Mais elle estime aussi qu'une prise de conscience est nécessaire de la part des futurs propriétaires d'animaux. "Il faut anticiper le coût d'entretien et de soins d'un animal, essayer de se faire aider par un vétérinaire ou par un éducateur quand il y a des problématiques de comportement, et avoir conscience que l'animal a des soins qui vont évoluer au fur et à mesure de sa vie", rappelle-t-elle. 

Bernard Godbille, venu ce jour-là chercher un nouveau compagnon, en a bien conscience. "J'estime que c'est un engagement. Quand on prend un animal, on se doit de le garder et de l'entretenir toute sa vie !" C'est pour ça qu'il préférait ne pas repartir avec un chiot. "Je n'en ai plus la capacité, je suis trop âgé pour avoir cette charge." Ancien chasseur, il a jeté son dévolu sur un épagneul adulte nommé Major. Après un mois passé derrière les barreaux de la SPA, le chien a pu retrouver sa liberté, et a gagné un ami pour la vie. 

Avec Florie Castaingts / FTV

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