Abou Sangare réagit après sa régularisation attendue depuis sept ans : "je n’ai pas perdu espoir parce qu’à Amiens, j’ai vraiment eu du soutien"

Abou Sangare, le plus célèbre des sans-papiers amiénois, a confirmé sa régularisation, mercredi 8 janvier, sur notre plateau de ICI Picardie. Un titre de séjour qu’il attendait depuis sept ans. Un document qui lui permet désormais de réaliser son rêve.

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Abou Sangare a enfin obtenu un titre de séjour, délivré par la préfecture de la Somme, ce mercredi 8 janvier. Sur notre plateau de ICI 19/20 Picardie (France 3), il a annoncé avoir reçu le précieux sésame le matin même. "Aujourd’hui, je me sens bien. Je suis heureux d’avoir obtenu ce titre de séjour que j’attendais depuis sept ans", se réjouit le jeune Guinéen de 23 ans. La préfecture de la Somme lui a accordé un titre mention salarié, valable un an, à la suite d’une demande déposée le 10 octobre 2024.

Acteur principal du film L’histoire de Souleymane, primé à Cannes, en mai 2024, puis aux European Film Awards en Suisse, Abou Sangare est arrivé à Amiens en 2017, à l’âge de 16 ans, après un long parcours clandestin. Un voyage commencé en Guinée alors qu’il était adolescent. Il quitte son pays pour aider sa mère malade. Il traverse le Mali, l’Algérie, la Libye, la Méditerranée et l’Italie, manque de se noyer en mer, est victime des conditions de vie difficiles. Arrivé à Paris, on lui conseille de s'éloigner de la capitale. Sans prévoir sa destination, il se retrouve à Amiens, par hasard : "J’ai pris le train à gare du Nord, à Paris. À mon arrivée ici, j’ai décidé de rester."

Des soutiens d'associations et de chefs d'entreprise

Aidé par des associations amiénoises, comme le Réseau éducation sans frontières 80, il est alors un mineur non accompagné (MNA), dont le statut permet de faire des études. Il obtient un bac professionnel mécanicien au lycée Montaigne Delambre, à Amiens. Mais, dès sa majorité, sa régularisation lui est refusée à trois reprises et il est menacé par une obligation de quitter le territoire (OQTF). Les associations continuent le combat et une entreprise lui obtient une promesse d’embauche. "Je n’ai pas perdu espoir parce qu’à Amiens, j’ai vraiment eu du soutien des associations, de l’entreprise Picardie poids-lourds et Kéolis. Je les remercie infiniment", confie Abou. "Je remercie la France, Amiens, pour m’avoir accompagné dans ce voyage jusqu’à l’obtention du titre de séjour".

Il [Boris Lojkine, réalisateur du film] m’a soutenu, il m’a sauvé la vie.

Abou Sangare

Depuis le tournage du film L’histoire de Souleymane, dans lequel Abou Sangare interprète un jeune Guinéen, livreur à vélo dans les rues de Paris, qui doit passer un entretien pour obtenir l’asile en France, l’équipe a multiplié les demandes de régularisation. "Depuis le début du projet, il [Boris Lojkine, le réalisateur du film] a dit : Ce film sera terminé lorsque Sangare aura son titre de séjour. Il m’a soutenu, il m’a sauvé la vie", remercie le jeune acteur. C'est au lendemain de sa récompense au festival de Cannes (meilleur acteur dans la catégorie un certain regard) que la préfecture de la Somme a fait savoir qu'elle réexaminerait sa dernière demande.

Un soutien sans faille, comme nous l’annonçait le réalisateur, lors de l'interview qu’il nous avait accordée en septembre 2024, à l’avant-première du film au ciné Saint-Leu d’Amiens. "À partir du moment où on prend Sangare avec nous pour jouer le rôle principal du film, c'est une forme de responsabilité", estimait Boris Lojkine. "C'est évident pour moi que c'est seulement quand il aura obtenu ses papiers que j'aurai l'impression d'avoir fini mon film… On va y arriver !". À l’annonce de la régularisation de l’acteur, Boris Lojkine a réagi sur les réseaux sociaux : "Merci à tous ceux qui ont aidé Sangare dans sa vie en France et ses démarches administratives. C’est un grand soulagement pour moi."

Réaliser son rêve

Abou Sangare a réussi. Ce titre de séjour lui permet désormais de travailler. Le jeune Guinéen va réaliser son rêve d’enfant, devenir mécanicien. Lors de notre rencontre, en septembre 2024, il nous avait confié de ne pas avoir de rêve de cinéma. Lui, aspirait à une chose : obtenir une autorisation de travail pour être autonome. "Si le résultat est positif, dès le lendemain, j'irai me présenter au garage et je serai enfin libre." Il devrait intégrer l’entreprise Mercedes-Benz Gorrias Amiens (anciennement Picardie Poids-lourds) en CDI, dès le 13 janvier prochain.

Comme lui, de nombreuses personnes sans-papiers attendent encore leur régularisation, à Amiens et sur tout le territoire. Le monde du cinéma et celui des médias ont donné une voix à Abou Sangare qui espère que L’histoire de Souleymane servira à "faire la lumière sur tous les sans-papiers, notamment les livreurs." Que dire à tous les anonymes qui n’ont pas cette médiatisation ? "Ce que je peux leur dire, c’est d’être patient, d’être respectueux et de chercher des relations à gauche à droite", répond Abou, sur notre plateau.

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