Abou Sangare, révélé dans le film "L'histoire de Souleymane", a de l'espoir. Après trois refus et une OQTF, le sans-papier guinéen a déposé une nouvelle demande de titre de séjour à la préfecture de la Somme, qui lui a délivré, jeudi 10 octobre 2024, un récépissé qui l'autorise à séjourner légalement sur le territoire français pendant six mois, mais pas à travailler.
"Je suis un peu soulagé, mais c'est pas encore bon. Tant qu'on n'a pas la carte, c'est pas encore bon", pointe Abou Sangare. Acteur principal du film "L'histoire de Sangare", primé à Cannes, ce jeune sans-papier guinéen réside à Amiens depuis 2017.
Ce jeudi 10 octobre 2024, le jeune homme de 23 ans vient tout juste de déposer sa nouvelle demande de titre de séjour à la préfecture de la Somme. Elle lui a délivré un précieux sésame, un récépissé qui l'autorise à séjourner régulièrement en France pendant six mois.
Un "espoir" même si l'OQTF reste en vigueur
Abou Sangare effectue sa quatrième demande de régularisation après trois refus et une nouvelle obligation de quitter le territoire français (OQTF) juste avant le festival de Cannes. Depuis, il a reçu le prix d'interprétation masculine dans la catégorie Un certain regard et préparé un nouveau dossier, aidé notamment par l'équipe du film.
Il semblerait que cette quatrième demande soit regardée avec bienveillance, donc il y a quand même un espoir qui se profile.
Sibylle Luperce, bénévole à Réseau éducation sans frontières (RESF)
"On sent qu'il y a une attention peut-être particulière au vu des éléments nouveaux apportés" au dossier, souligne Sibylle Luperce, bénévole à Réseau éducation sans frontières (RESF) qui aide le jeune homme depuis son arrivée à Amiens.
Sur X, la préfecture de la Somme précise que "son OQTF, validée par le Tribunal Administratif d'Amiens en juillet dernier, reste juridiquement en vigueur" et que la nouvelle demande de séjour déposée par Abou Sangare "fera l'objet d'un examen approfondi".
#OQTF I Suites aux articles de presse parus ce jour sur la situation de M.Abou Sangaré, la préfecture précise que son OQTF, validée par le Tribunal Administratif d'Amiens en juillet dernier, reste juridiquement en vigueur.
— Préfet de la Somme (@Prefet80) October 10, 2024
Le récépissé délivré ce jour atteste que la préfecture a… pic.twitter.com/KZ3reJ1tYl
"Moi, mon but, c'est de travailler"
"J'ai l'espoir que la préfecture débloque ma situation cette fois-ci. Ça veut pas dire que ça va se faire, c'est pas encore gagné", lance le jeune homme, prudent. Si le récépissé délivré par la préfecture lui permet de rester sur le territoire, il ne lui permet cependant pas de travailler. "Mais moi, mon but, c'est de travailler", insiste Abou Sangare.
Le jeune exilé a suivi une formation de mécanicien à Amiens, réalisant un rêve d'enfant. Il a ensuite effectué plusieurs stages et a reçu une promesse d'embauche de l'entreprise Picardie poids lourds. Cette proposition de CDI est, pour lui, synonyme de reconnaissance.
Si le résultat est positif, dès le lendemain, j'irai me présenter au garage et je serai enfin libre.
Abou Sangare, sans-papier guinéen
"Normalement, un sans-papier comme moi, même si t'as tes diplômes, si les entreprises, voient que la préfecture ne veut pas te régulariser, elles lâchent tout ! Alors que Picardie poids lourds me suis de près depuis trois ans pour travailler avec moi", appuie le jeune homme.
Abou Sangare confie ne pas avoir de rêve de cinéma, même s'il a apprécié l'expérience. Ce qu'il veut, c'est une autorisation de travail pour être "autonome". L'examen de sa nouvelle demande de titre de séjour peut encore prendre plusieurs mois. Si l'issue est incertaine, Abou Sangare s'autorise un peu à rêver. "Si le résultat est positif, dès le lendemain, j'irai me présenter au garage et je serai enfin libre."