Poursuivi pour le viol et le meurtre d'Elodie Kulik, Willy Bardon a avalé un pesticide le 6 décembre à Amiens, juste après avoir appris sa condamnation à 30 ans de réclusion. Un produit qu'il a pu introduire dans le box des accusés, alors que ses "intentions suicidaires" étaient connues de proches.
[Mise à jour du 08/12/19 : ce dimanche, l'état de santé de Willy Bardon montrait des signes d'amélioration, selon les informations communiqués par le procureur de la République d'Amiens. "Il se trouve toujours en phase de réveil progressif au service de réanimation du CHU d'Amiens", a confirmé Alexandre de Bosschère, avant de préciser : "Tant que cette phase n'est pas terminée, les médecins restent prudents dans leur pronostic. [...] Ils constatent en tout état de cause pour l'instant que l'évolution est favorable."]
Au lendemain de sa condamnation pour l'enlèvement, la séquestration suivis de mort et le viol d'Elodie Kulik, Willy Bardon se trouvait samedi 7 décembre au soir "en phase de sortie progressive du coma" mais toujours dans un état "critique", a expliqué le procureur de la République d'Amiens. Peu après le verdict prononcé par la cour d'assises de la Somme - 30 ans de réclusion -, alors qu'il était toujours dans la salle d'audience, l'homme avait avalé un "produit pesticide" avant d'être hospitalisé en réanimation.
Une enquête a été ouverte par le parquet pour éclaircir les circonstances de ce geste. Elle a permis d'identifier le produit ingéré par Willy Bardon, le Temik, un "poison connu" selon Alexandre de Bosschère. "C'est un produit extrêmement dangereux dont la commercialisation est extrêmement réglementée sur le territoire français et européen et qui a des effets à la fois sur le système nerveux et le système cardio-vasculaire", précise le procureur.
Des proches "avisés de ses intentions suicidaires"
Willy Bardon, qui clame son innocence, comparassait libre pour cette dernière journée de procès. "Il a fait l'objet d'une fouille sur ses vêtements, dans ses chaussures, dans ses poches, détaille Alexandre de Bosschère. Tout avait été vérifié, probablement pas assez dans le sens où ce qu'il a absorbé est très petit, c'est l'équivalent d'une gélule qu'il pouvait avoir caché, par exemple, dans un mouchoir usagé. C'est passé inaperçu, mais il faut souligner que l'escorte s'est assurée de sa sécurité."
L'enquête doit également permettre de comprendre comment il s'était procuré le pesticide. "Il semble qu'il y ait des proches qui ait été avisés de ses intentions suicidaires, la justice ne l'a pas été", précise Alexandre de Bosschère. Willy Bardon a déjà été incarcéré, après sa mise en examen en 2013. Il avait alors tenté de se suicider, a-t-on pu confirmer auprès de son avocat, Me Stéphane Daquo. Il avait par la suite confié à ses proches qu'il ne supporterait pas de retourner en prison.