Willy Bardon a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle ce 6 décembre à Amiens, peine requise par le parquet. Reconnu coupable pour l'enlèvement et le viol d'Elodie Kulik en janvier 2002, il a été acquitté pour le meurtre. A l'annonce du verdict, il a ingéré un objet non-identifié.
Willy Bardon a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle pour l'enlèvement, la séquestration et le viol d'Elodie Kulik. Le verdict a été annoncé par la cour d'assises de la Somme à Amiens, vers 19h50 ce 6 décembre 2019.
A l'annonce du verdict, le père de la victime, Jacky Kulik, a fondu en larmes. De l'autre côté de la salle, reclus dans le box vitré, Willy Bardon a semblé sonné, puis a brusquement avalé un objet non-identifié suivi d'une gorgée d'eau.
Pris en charge "conscient" selon ses avocats, le condamné a été secouru un quart d'heure par les pompiers, sur un brancard, derrière le tribunal, avant de partir pour l'hôpital vers 20h35. "Ca s'est passé dans notre dos," raconte Me Stéphane Daquo, conseil de Willy Bardon. "Il se serait confié à des proches sur sa volonté de mettre fin à ses jours en cas de condamnation, affirme le procureur de la République d'Amiens, sans pour autant confirmer la thèse de la tentative de suicide.
Acquitté pour le meurtre
Willy Bardon a été reconnu coupable par la cour, à une majorité d'au moins six voix, des chefs d'accusation d'enlèvement, de séquestration et de viol à l'encontre d'Elodie Kulik le 11 janvier 2002 à Cartigny et Tertry (Somme). L'accusé a cependant été acquitté pour le meurtre de la jeune femme."C'est un grand soulagement, a lâché Jacky Kulik, père de la victime, en sortant de la salle. Maintenant on va sabrer le champagne. Ca fait très longtemps que la bouteille est au frais !" Les avocats de la défense ont annoncé leur intention de faire appel de la décision de la cour. Il se concerteront avec leur client dès que celui-ci sera en état de les rencontrer.
Une peine conforme aux réquisitions
Devant les jurés de la cour d'assises de la Somme à Amiens, l'avocat général a requis le matin-même 30 ans de réclusion criminelle à l'encontre de Willy Bardon pour enlèvement et séquestration suivis de mort. Une peine de sûreté des deux tiers a été réclamée. Willy Bardon comparaît pour l'enlèvement, la séquestration, le viol en réunion et le meurtre d'Elodie Kulik en 2002. Les représentants du parquet ont posé une question subsidiaire aux jurés : ils devront répondre si oui ou non l'enlèvement et la séquestration ont pu amener à la mort de la jeune femme.*L'AG Anne-Laure SandrettoL'AG Anne-Laure requiert la condamnation de Willy Bardon pour enlèvement suivi de mort, à une peine de 30 années de réclusion criminelle avec une peine de sureté aux 2/3. #kulik
— France 3 Picardie (@F3Picardie) December 6, 2019
L'acquittement a été requis pour le viol et meurtre de la jeune femme. Selon l'avocat général, il n'y a pas suffisamment de "preuves" pour établir la présence de Willy Bardon à Tertry sur la "deuxième scène" du crime, à six kilomètres de la voiture accidentée d'Elodie Kulik.
Depuis le début du procès il y a 13 jours, les jurés ont entendu 47 témoins et experts à la barre et écouté les quelque 180 auditions menées par les enquêteurs.
Avant de mourir, Eldoie Kulik avait eu le temps d'appeler les secours, un enregistrement glaçant de 26 secondes considéré comme la pièce maîtresse du dossier. Un appel au secours écouté à de nombreuses reprises au cours du procès. Derrière les cris de la jeune femme, deux voix masculines sont perceptibles. Les deux hommes entendus sur l'enregistrement "font forcément partie de ses ravisseurs" et "le seul proche" qui est "reconnu sur la bande" par plusieurs témoins est Willy Bardon, selon Anne-Laure Sandretto, l'autre avocat général.
Willy Bardon n'a cessé de répéter qu'il est "étranger à ces faits" et qu'il n'était sur aucune des deux scènes de crime.
En dehors de l'enregistrement, il n'y a pas de preuve "scientifique" qui prouverait la culpabilité de Willy Bardon. Mais son comportement durant l'enquête l'accable, selon Me Sandretto : son "angoisse" à chaque audition de témoin, ses "multiples mensonges devant les gendarmes et juges d'instruction pour se défaire de sa proximité avec Wiart". Tout comme sa personnalité trouble d'homme qui peut être violent et obscène avec les femmes.
En 2010, Grégory Wiart, dont l'ADN a été retrouvé sur la scène de crime, avait été désigné comme l'un des violeurs de la jeune femme. Il est mort en 2003 dans un accident de voiture.