Deux roues plutôt que quatre, c'est le choix de plus en plus d'entrepreneurs pour se déplacer. Dans les Hauts-de-France, ils sont une centaine à avoir franchi le pas d'une mobilité plus durable. À Amiens, un agent immobilier et un plombier parcourent la ville à la force de leurs mollets.
Les livreurs de repas ou de colis ne sont plus les seuls à arpenter Amiens à vélo. Désormais, une dizaine de professionnels se déplacent aussi sur deux ou trois roues. Parmi eux, Raphaël Hatté, cycliste amateur et agent immobilier.
En 2017, il décide de troquer sa voiture contre un vélo et se rend désormais chez ses clients sans autre assistance que ses jambes. "Cela met en forme dès le matin, on est de bonne humeur après avoir pédalé et je vous assure, je ne suis pas essoufflé", plaisante de l'agent devant le portail de son prochain client.
"C'est que du bonheur, matin, midi et soir !"
Pendant l'estimation, rien ne laisse à penser qu'il se déplace à vélo, si ce n'est le casque qu'il dépose dans l'entrée du propriétaire, séduit par la démarche de l'agent immobilier : "dans la conjoncture, on parle beaucoup d'écologie et d'environnement. Chacun doit s'y mettre à sa hauteur. Quand on a les moyens de le faire, autant y aller à fond. Ce qu'il fait, c'est novateur."
Novateur et courageux. Raphaël Hatté n'a pas de vélo électrique et parcourt tous les jours 10 à 15 kilomètres sur Amiens et aux alentours. Par souci écologique, mais aussi économique. "Je n'ai pas d'essence, c'est tout à la force physique, donc en effet, il y a une économie qui est faite sur la consommation. Par contre, je limite mon périmètre à la métropole d'Amiens." En cas de pluie, l'agent immobilier l'assure, il est "équipé" et ne voit "aucune contrainte" dans le fait de circuler à vélo dans le cadre de sa profession. "C'est que du bonheur, matin, midi et soir !"
Le premier cyclo-plombier de la Somme
Laisser la voiture au garage, c'est aussi le choix de Sylvain Bonneau, premier plombier à vélo sur Amiens. Muni d'un vélo-cargo électrique, son défi à lui n'est pas de se déplacer, mais de transporter. "Quand je vais sur un chantier, je ne peux pas tout prendre, je suis obligé de faire des choix, explique l'artisan, parfois, j'empile jusqu'à cinq caisses les unes sur les autres devant mon guidon."
D'un chantier à l'autre, il peut rouler jusqu'à 50 km par jour. En passant au 100 % vélo, il a réduit de 90 % son empreinte carbone. "Entre le temps passé sur les chantiers ou dans la camionnette, je ne voyais pas le jour. Maintenant, j'évite les embouteillages, j'économise de l'essence, je ne pollue pas et je fais du sport, c'est tout bénéf."
Sur la métropole Amiénoise, une dizaine de professionnels se déplacent à vélo. Parmi les plus originaux : un collecteur de cartouches d'encre ou encore un laveur de vitre. Prochainement, une antenne de l'association Les Boîtes à Vélo, qui fédèrent les entrepreneurs cyclistes, pourraient être créée à Amiens.