Deux écoles et un collège de la Somme ont dû évacuer leurs élèves et personnels, mardi 17 octobre, après des appels anonymes mentionnant des colis piégés. Depuis les attentats de 2015, les sites scolaires se sont dotés de matériel et d'un protocole, le PPMS, pour faire face à ce genre de menaces.
Des alertes aux colis piégés ont provoqué l'évacuation de trois établissements scolaires de la Somme ce 17 octobre. Dans les trois cas, au collège des Cygnes de Longpré-les-Corps-Saints, à l'école maternelle Lavarenne de Doullens et l'école primaire Les Tilleuls située juste en face, les élèves ont été évacués suite à des appels anonymes.
"Dans les deux cas, à Longpré-les-Corps-Saints et à Doullens, les doutes ont pu être levés par les gendarmes," rapporte la préfecture de la Somme. Fausse alerte, donc.
Des établissements sur le qui-vive
Plus de peur que de mal, mais ces appels malveillants ont eu le temps de terroriser les enseignants, les élèves et leurs parents, à quelques jours et quelques kilomètres seulement d'Arras, où une attaque à l'arme blanche a provoqué la mort d'un professeur de français le 13 octobre.
"On a des enseignants très touchés par ce qu'il s'est passé à Arras. Ils ont par exemple leurs enfants scolarisés là-bas, ou leurs conjoints qui y travaillent, signale une cheffe d'établissement de Doullens, qui a été prévenue de l'alerte des écoles Lavarenne et des Tilleuls.
"On a une présence accrue des gendarmes autour de nous depuis lundi, ça rassure les parents. On est dans l'après-attentat, ces appels malveillants sont des perturbations à prévoir. Ça peut être une mauvaise blague, une envie d'enquiquiner, une manière de nous désorganiser."
Une cheffe d'établissement de Doullens (Somme)
Dans ce genre d'alerte, un protocole rôdé s'engage. Responsable des personnes et des biens, le chef d'établissement ne prend aucune menace à la légère et peut déclencher le plan particulier de mise en sûreté (PPMS) qui est propre à chaque établissement. Ce plan a été amorcé le 17 octobre dans les écoles de Doullens et au collègue de Longpré-les-Corps-Saints.
"Le PPMS peut être déclenché via un boîtier qui peut être dans le bureau du chef d'établissement, dans d'autres lieux, ou encore par une télécommande. Ça dépend de la configuration du lieu, du nombre d'élèves," souligne la directrice doullensaise. Il peut être dégainé pour un risque majeur (accident industriel ou catastrophe naturelle) qui nécessite une évacuation, ou pour l'intrusion d'une personne suspecte. Dans ce deuxième cas de figure, les personnels et les élèves sont confinés.
Instaurer une culture de la sécurité
Les questions de sécurité ont fait irruption dans le monde scolaire en 2015, année des attentats de Paris, le 7 janvier et le 13 novembre. "Ça vraiment marqué un tournant. C'est de là qu'ont commencé les demandes de mise en sécurité, la mise en place de la vidéoprotection, de portails sécurisés ou de plots anti-voitures bélier devant les écoles, collèges et lycées. Ces équipements, les collectivités locales ont dû les budgéter, et ça coûte très cher, raconte la cheffe d'établissement à Doullens. On en est arrivés là : c'est triste, mais il nous faut instaurer une culture de la sécurité."
Cette culture passe notamment par des exercices de mise en sécurité — environ trois simulations d'incendies et de PPMS par an — ainsi que des visuels affichés dans les classes pour rappeler les bons comportements.
"Lorsque les professeurs et personnels de vie scolaire font des exercices de cette manière régulièrement, ça permet d’installer des réflexes. (...) Et c’est pareil pour les élèves. Plus ils font les exercices, plus ils sont préparés à fuir, à se cacher, à se regrouper dans des lieux qu’ils connaissent par avance et c’est très rassurant, comme tout rituel. Le fait de le faire régulièrement permet de savoir comment se comporter dans telle ou telle situation."
Gilles Neuviale, directeur académique des services de l'éducation nationale (DASEN) de la Somme
Des enquêtes ont été ouvertes pour identifier les auteurs des appels malveillants de Doullens et de Longpré. Pour rappel, provoquer le déclenchement du PPMS et le déploiement des forces de l'ordre peut coûter jusqu'à 30 000 euros d'amende et 2 ans d'emprisonnement. "Il faut comprendre que ce genre de canular peut détourner les gendarmes de "vraies" affaires," souligne la préfecture de la Somme.