Attaque au lycée d'Arras : vidéo d'allégeance, soutien du petit frère, le procureur antiterroriste fait le point sur l'enquête

Le djihadiste de 20 ans, Mohammed M, a enregistré plusieurs vidéos avant son attaque meurtrière, "sans relier son acte aux événements en Israël", précise le procureur antiterroriste. Lui et son petit frère de 16 ans et un cousin vont être présentés à un juge d'instruction en vue de leur mise en examen.

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Le procureur de la République antiterroriste, Jean-François Ricard, a donné une conférence de presse, ce mardi 17 octobre, sur les avancées de l'enquête concernant l'attaque terroriste au lycée Gambetta d'Arras, vendredi dernier, qui a fait 1 mort et 3 blessés (dont le pronostic vital n'est pas engagé).

Le parquet a requis la mise en examen et la détention provisoire pour Mohammed M, l'assaillant de 20 ans et de son frère âgé de 16 ans suspecté d'avoir "apporté un certain soutien dans son projet mortifère". Ainsi que celle d'un "jeune cousin" de 15 ans, "ayant été informé d'un possible projet d'action criminelle" sans n'avoir "rien fait pour l'empêcher".

Au cours de ces investigations, 100 témoins ont été interrogés par les enquêteurs et 13 personnes ont été placées en garde à vue, dont 10, à ce jour, ont été relâchées sans poursuite.

Déroulé des faits

Le jour du drame. Il est 8h53, vendredi 13 octobre, quand Mohammed M, jeune homme de 20 ans, fiché S, né en Russie, achète un téléphone portable dans une grande surface. A 9h07, il utilise son téléphone dans un bus. À 10h37, il traverse le parvis de la gare pour se rendre au lycée Gambetta.

Sur la route, cet ancien élève de l'établissement, se filme devant le monument aux morts de la commune. Une vidéo de 30 secondes - à priori non diffusée publiquement sur les réseaux sociaux - enregistrée 20 minutes avant l'attaque. "Il s'attaque de manière répétée aux valeurs des Français [...] et tient des propos particulièrement menaçants", précise le procureur.

À 10h44, une vidéo de surveillance capte le jeune terroriste devant l'entrée du collège-lycée. Quinze minutes plus tard, quatre professeurs dont Dominique Bernard en sortent. Muni de deux couteaux, Mohammed M. poignarde l'enseignant en lettres au cou et au thorax. Un collège (professeur d'EPS) de Dominique Bernard est lui aussi frappé par l'agresseur en voulant s'interposer.

Après cette scène, l'assaillant s'introduit dans l'établissement, suivi du professeur d'EPS qui se relève après son agression. Ce dernier se fait à nouveau frapper dans la cour. Un agent d'entretien muni d'une chaise essaie de s'interposer mais tombe (voir vidéo ci-dessous) et se fait frapper par Mohammed M. Un agent technique intervient. Agressé à son tour par les coups d'un des deux couteaux. Le directeur arrive, menacé lui aussi, sans être touché.

durée de la vidéo : 00h00mn38s
Vidéo agression Arras ©X

Après avoir semé la terreur, Mohammed M. cherche à quitter les lieux, mais n'y parvient pas. Il retourne dans la cours. Il tentera en vain de chercher le proviseur d'établissement. Puis finira par être interpellé par la police.

Motivations de l'assaillant

On en sait un peu plus sur les motivations de Mohammed M., djihadiste, âgé de 20 ans, natif d'Ingouchie, une République du Caucase russe, arrivé en France à l'âge de 5 ans.

Dans une vidéo retrouvée sur son téléphone portable, le terroriste a adressé un message d'allégeance à l'Etat islamique, en langue arabe, avec plusieurs références religieuses. "Il y développait sa haine de la France, des Français, de la démocratie et de l'enseignement dont il avait bénéficié", rapporte Jean-François Ricard. Des propos dont il a fait l'écho dans sa vidéo tournée devant le monument au mort avant son attaque.

Le procureur déclare que le jeune djihadiste a fait "mention de son soutien aux musulmans d'Irak [de plusieurs autres pays NDLR] et de Palestine [...] sans relier son acte aux événements récemment survenus en Israël".

Soutien du petit frère

Les investigations ont permis de mettre en lumière le soutien du petit frère de Mohammed M., âgé de 16 ans, dans ce projet d'attentat. "Notamment en délivrant des conseils sur le maniement des couteaux", indique le procureur. Ce dernier informe qu'un cousin de l'assaillant, au courant du projet, sera présenté devant un magistrat d'instruction pour "n'avoir rien fait pour l'empêcher".

Au total, 13 personnes ont été mises en garde à vue. 10 d'entre elles ont été levées en raison de "l'absence d'éléments permettant à ce stade que ces personnes soient interpellées". Rien n'indique à ce jour qu'elles ont joué "un rôle précis dans l'action de Mohammed M."

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