Un Amiénois de 43 ans, déjà détenu à la maison d'arrêt d'Amiens, a été condamné vendredi 23 octobre à 8 mois de prison ferme pour apologie du terrorisme. Lors de l'audience, il a expliqué avoir immédiatement regretté ses propos. Ses avocats vont faire appel de la décision.
Le verdict est tombé vendredi 23 octobre en début de soirée. Un Amiénois de 43 ans est condamné devant le tribunal correctionnel d'Amiens à 8 mois de prison ferme pour apologie du terrorisme.
Détenu à la maison d'arrêt d'Amiens pour outrage, c'est lors d'une formation sur le tri sélectif et l'environnement avec 4 autres codétenus, que l'homme tient des propos qualifiés d'outrageants. Au détour d'une conversation sur l'actualité le 19 octobre dernier, le détenu réagit violemment au sujet de l'assassinat du professeur d'histoire Samuel Paty survenu trois jours plus tôt à Conflans-Sainte-Honorine dans les Yvelines. "C’est bien fait pour lui, il (le terroriste) a bien fait le boulot, on ne touche pas à ma religion, à mon prophète", a-t-il déclaré. Choquée, la formatrice met fin au cours et le fait sortir.
"J'ai réagi bêtement"
À l'audience, le prévenu avoue avoir tenu ces propos puis les a regrettés immédiatement. "J’ai réagi bêtement, je pensais que le professeur s’était moqué des élèves et qu’il avait demandé de faire des caricatures du prophète Mahomet", a-t-il expliqué.Connu pour être très pratiquant, il a également déclaré qu'il était contre le terrorisme. "Le coran interdit de tuer. Si j’étais à l’extérieur, j’aurais manifesté contre ce qui est arrivé. J’ai regretté parce que l’information que j’avais eu était fausse", a-t-il ajouté.
Des regrets qui n'ont pas convaincu le juge estimant que le prévenu avait un comportement "toujours limite" et qui devient "inacceptable". L'homme a déjà été condamné par le passé pour des comportements déplacés envers des femmes. Il a également été relaxé pour apologie du terrorisme après avoir déclaré qu'il y avait "trop de blancs en France" et qu'il "faudrait plus d'attentats."
Une décision scandaleuse pour ses avocats
Ses avocats comptent faire appel de la décision et notamment saisir le Conseil constitutionnel via une question prioritaire de constitutionnalité. "Ce dossier est absolument scandaleux car on est dans un conteste délétère, dans un contexte tendu où les libertés sont restreintes et donc je considère que dans ce dossier la justice s'est complètement emballée", confie Maître Djamila Berriah, avocate du prévenu. "Notre client a dit des mots dans le cadre d'une formation en prison, dont un qui lui a échappé, il ne devrait même pas être là. Il a des problèmes psychiatriques et donc forcément il ne comprend pas tout.""De notre point de vue, les faits d'apologie publique et directe du terrorisme ne sont pas constitués parce que les allégations proférées de manière impulsive l'ont été en présence de cinq personnes. Il ne peut pas y avoir publicité en présence de cinq personnes", estime Maître Stéphane Enguéléguélé, le second avocat du prévenu.