À l'occasion de la commémoration du centenaire de la bataille d'Amiens, lancée le 8 août 1918, le quotidien britannique The Guardian a retracé le destin d'un soldat canadien mort au cours de ces combats. En son honneur, l'une de ses descendantes, aujourd'hui âgée de 18 ans, se prénomme Amiens.
Pour une Canadienne de 18 ans, Amiens Fowler a un nom plutôt atypique. "Quand j'était petite, je ne comprenais pas le symbole de mon prénom. C'était un prénom que personne ne savait prononcer correctement," a confié l'étudiante au quotidien britannique The Guardian à l'occasion du centenaire de la bataille d'Amiens. Et pour cause : la jeune femme a été baptisée en hommage à cet épisode de la Première Guerre mondiale, lors duquel son arrière-arrière-grand-père Frederick est tombé, le 8 août 1918.
Brancardier et sous-officier, Frederick Spratlin avait alors 36 ans. Lors de l'assaut au petit matin, alors que son bataillon évolue dans un épais brouillard, lui et ses hommes tombent nez à nez avec un poste à mitrailleuse peuplé de soldats allemands. "Il s'occupait des blessures d'un homme et allait en secourir un autre lorsqu'il fut touché à la poitrine. J'étais à ses côtés. Malgré des soins immédiats, la blessure était trop importante et il est mort aussitôt," avait écrit son supérieur à destination des parents du défunt.
Amiens Fowler, descendante d'un soldat canadienJe suis fière que mon nom lui rende hommage, et je continuerai de parler de lui.
Une mémoire perpétuée
Un siècle après la mort de leur aïeul, la famille continue d'entretenir sa mémoire. "Aujourd'hui je prends le temps de raconter son histoire, affirme Amiens Fowler. Je suis fière que mon nom lui rende hommage, et je continuerai de parler de lui." Tout comme l'a fait pendant près de 80 ans son arrière-grand-mère Florence, la plus jeune fille de Frederick. Âgée de 7 ans lorsque son père meurt au combat, "elle parlait de lui presque chaque jour," rapporte Michelle, la mère d'Amiens, une historienne passionnée par la participation militaire canadienne à la Première Guerre mondiale.Comme la famille Spratlin-Fowler, de nombreux Anglosaxons ont souhaité honorer la mémoire de leurs combattants, notamment à travers les prénoms donnés aux nouveaux nés. Ainsi, The Guardian indique que 1 634 bébés ont été nommés d'après des noms et lieux liés à la Grande guerre en Angleterre et au Pays de Galles entre 1914 et 1919. Le prénom "Verdun" trône en première position avec 901 baptêmes, mais certains nouveaux nés se sont vu affublés de noms picards, comme "Somme" (15 bébés) et "Amiens" (3 bébés).
Les célébrations du 8 août à Amiens
Nulle doute que ces descendants de soldats alliés - qu'importent leurs prénoms - seront probablement nombreux le mercredi 8 août à Amiens, afin de célébrer le centenaire de la bataille, en compagnie du prince William et de la Première ministre britannique Theresa May.Les combats furent décisifs pour l'issue de la Première Guerre mondiale : grâce à cette attaque lancée tôt le matin entre Albert et Montdidier (Somme) avec l'aide de 600 chars et 2 000 avions, les alliés font reculer de plusieurs kilomètres l'armée allemande. Plusieurs dizaines de milliers de soldats allemand y furent fait prisonniers. La bataille lança "l'offensive des Cents Jours", une série d'attaques qui repoussèrent les forces allemandes toujours plus loin, aboutissant à la signature de l'armistice le 11 novembre 1918.
Michelle Fowler rappelle au Guardian : "au Canada, on ne fait pas particulièrement mention de la bataille d'Amiens, mais plutôt de cet épisode glorieux de cent jours qui vint terminer la guerre. Et cet épisode a débuté à Amiens."