La statuette, datée de 23 000 ans, était présentée ce mercredi à Amiens. C'est la dernière et l'une des plus préservées d'une série de "Vénus" trouvées sur le gisement du quartier Renancourt, où sont menées des fouilles archéologiques préventives.
C'est une statuette haute de seulement 4 cm, qualifiée "d'exceptionnelle" par l'institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap). Les équipes déployées sur le site de Renancourt, à Amiens, ont mis au jour une nouvelle "Vénus", présentée ce mercredi 4 décembre. L'ouvrage, exhumé en juillet dernier, s'ajoute à une quinzaine d'autres de ce type, découverts par fragments sur le site depuis 2014. Taillé dans la craie et ancien de 23 000 ans, l'objet se distingue par son très bon état de conservation.
[? #Découverte] Une "Vénus" #paléolithique à Amiens ?
— Inrap (@Inrap) December 4, 2019
À l'occasion d'une fouille programmée sur le site d'Amiens-Renancourt, une équipe de l'Inrap en collaboration avec le @CNRS, a mis au jour une étonnante "#Vénus" du Paléolithique supérieur ancien
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"Cette sculpture s'inscrit parfaitement dans un canon esthétique, la tradition stylistique gravettienne", une culture qui s'est développée en Europe il y a 28 000 à 22 000 ans, précise l'Inrap. Elle présente ainsi des formes exagérées au niveau du fessier, des cuisses et des seins, tandis que les bras sont à peine figurés et les traits du visage absents. Autre caractéristique, une coiffe figurée par un quadrillage gravé la renvoie à de semblables représentations de "Vénus", trouvées à Willendorf (Autriche) ou à Brassempouy (Landes).
Le site de Renancourt a été découvert en 2011 lors de fouilles diagnostiques et est "longtemps resté un des rares témoins du Paléolithique supérieur ancien (35 000 - 15 000) dans le nord de la France", précise l'Inrap. Ce campement de chasseurs abonde de vestiges, notamment des pointes de projectiles, des outils ou encore des parures. Les archéologues considèrent aujourd'hui l'hypothèse qu'il ait aussi pu abriter un atelier dédié à la fabrication de ces statuettes en craie.
Avant la mise au jour de la première "Vénus de Renancourt" en 2014, ces objets étaient "[connus] à quelques dizaines d'exemplaires des Pyrénées à la Sibérie, précise l'institut. En France, seule une quinzaine était répertoriée, notamment dans le quart sud-ouest." Avec les fouilles menées dans la Somme, ce nombre a doublé en cinq ans. Les différents fragments sont conservés, dans l'espoir "de pouvoir reconstituer plus tard d'autres statuettes", précise Pascal Depaepe, directeur scientifique régional à l'Inrap.