En cette rentrée universitaire, le nombre d'étudiants en grande précarité a augmenté de près de 4%. Un afflux que doit gérer l'AGORAé. L'épicerie solidaire dédiée aux étudiants a rouvert ses portes le 8 septembre à Amiens. Elle a vu son nombre de bénéficiaires doubler par rapport à l'année dernière.
Les cours n'ont pas encore repris mais la rentrée s'annonce déjà compliquée pour Sara. L'étudiante en philo-sociologie vit ici en colocation avec cinq autres étudiantes. Mais avec une bourse de 400 euros et des APL à 128 euros par mois. Elle a du mal à boucler son budget.
En plus du loyer, des charges, de la téléphonie, d'internet et autres frais de la vie quotidienne, de nouvelles dépenses s'ajoutent cette année. "L'année va être compliquée à gérer au niveau du budget d'autant plus que je n'ai pas pu trouver de travail cet été, explique la jeune femme. Je devais reprendre mon poste saisonnier dans un hôtel mais il a dû rester fermé à cause de la crise sanitaire. En plus du loyer et de toutes mes charges, s'ajoutent les frais des masques. On peut compter entre 30 et 50 euros le mois".
50 € le mois, c'est ce qui reste en moyenne à Sara pour s'approvisionner. La jeune fille n'a donc pas d'autres choix que de se tourner vers l'AGORAé à Amiens.Cette épicerie solidaire a été créée il y a cinq ans par des étudiants pour les étudiants. Les prix sont jusqu'à 90% moins élevés que les supermarchés.
Comme Sara, 150 étudiants y sont déjà inscrits. C'est deux fois plus que l'an dernier. "On a tout type de profils, explique Paul Grégoire, le président de la Fédération des associations étudiantes picardes AGORAé. On a des boursiers, des non-boursiers mais aussi des étudiants étrangers qui ont des difficultés à s'alimenter parce qu'ils n'ont pas d'aides financières". Conserves, produits laitiers, fruits et légumes et produits d'hygiène gratuits. Tout le stock de l'épicerie solidaire vient de dons.
"On arrive par le biais de subventions, de partenaires, à approvisionner le stock de produits ménagers et alimentaires, détaille Paul Grégoire. Par exemple, on a eu une donation par des patrons de boîte de nuit de boissons softs qu'on donne maintenant aux étudiants". L'épicerie fait également appel à la générosité des étudiants eux-mêmes :
Autre problème auquel l'association doit faire face en cette rentrée : la taille de l'épicerie. Pour pouvoir accueillir les bénéficiaires en toute sécurité. L'AGORAé est à la recherche d'un plus grand local. "Vu le nombre d'étudiants bénéficiaires et les mesures sanitaires dues au covid, on ne peut accueillir plus de deux personnes dans l'épicerie et ça crée une file d'attente devant le local. C'est compliqué à gérer".