Colère des agriculteurs. "On n'est pas des délinquants, on fait juste notre travail" : deux plateformes logistiques d'Auchan bloquées à Amiens

Depuis 4h ce lundi 29 janvier, une trentaine d'agriculteurs de la Somme bloquent deux plateformes logistiques d'Auchan, situées près d'Amiens. L'objectif : dénoncer la grande distribution. Ils espèrent tenir ces blocus jusqu'à mardi soir.

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Les agriculteurs restent mobilisés. Depuis 4h ce lundi 29 janvier, une trentaine de tracteurs venus de Doullens, Saint-Riquier et Amiens bloquent l'entrée de deux plateformes logistiques d'Auchan. L'une est située dans la zone industrielle nord, l'autre à proximité du rond-point les Bornes du Temps, près de Saint-Sauveur.

"On voulait toucher les grandes surfaces"

En versant du fumier pour bloquer les poids lourds, le message est clair. Les agriculteurs ciblent la grande distribution, en particulier ses pratiques d'import et ses marges.

"Moi, je suis producteur de viande, s'insurge Sébastien Beugnet, agriculteur-éleveur (FDSEA) à la Chaussée-Tirancourt. La vente de la viande à la ferme a pris environ 50 centimes d'euros ces dernières années et quand on voit dans les grandes surfaces, c'est entre 5 à 10 euros d'augmentation. Les gens nous disent, manger du bœuf, c'est trop cher. Moi, je les comprends, mais à notre niveau, on n'y peut rien et d'un autre côté, nos charges ont augmenté."

"On n'en peut plus"

La dénonciation de la surcharge administrative reste aussi très présente. "On n'en peut plus, pointe Vincent Dollé, éleveur (FDSEA) à Longpré-lès-Amiens, sans compter les contrôles. Des contrôles à tout bout de champ, ce n'est pas la peine. Il faut savoir qu'aujourd'hui, le satellite passe tous les trois jours sur nos parcelles. On n'est pas des délinquants, on ne fait pas de la drogue. On fait juste notre travail".

Deux plateformes logistiques d'Auchan sont donc bloquées et les camions qui viennent livrer sont inspectés. Ceux qui arrivent de Rungis chargés de produits frais sont contraints d'attendre. "On est obligé de s'habituer à force, se résigne Sébastien Edy, chauffeur-routier. Ils ont raison aussi. Il y a beaucoup de produits importés des pays étrangers. Et la marge n'est pas terrible. Quand on voit le prix des fruits et légumes maintenant. Moi, quand j'ai commencé à Rungis, il y avait beaucoup de monde. Maintenant, on a vachement perdu. C'est plus calme."

Contraints par leurs bêtes, ce sont les éleveurs qui restent mobilisés à l'échelle locale, comme Augustin Caure, des Jeunes agriculteurs. "On a décidé de rester sur notre secteur pour maintenir une pression aux alentours d'Amiens et pas tout miser sur la capitale. Des choses ont été dites, mais rien n'a été écrit, notamment tous les aspects autour de la PAC. C'est vraiment ça qu'on cible aujourd'hui". 

Un motif de mécontentement : les jachères

Dénoncée par la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), syndicat majoritaire, la jachère est l’un des motifs du mouvement de protestation des agriculteurs.

Historiquement, la mise en jachère consiste à mettre au repos une partie de la surface agricole afin de régénérer les sols. Introduite en 1992 dans la PAC, elle est utilisée pour lutter contre la surproduction et l’épuisement des sols, moyennant rémunération.

Dans la nouvelle version de la PAC entrée en vigueur en 2023, figure l’obligation de laisser au moins 4% des terres arables en jachère, pour des raisons environnementales. En cas de non-respect de cette mesure, l’agriculteur subit une pénalité.

Cependant, après le déclenchement de la guerre en Ukraine, les agriculteurs ont bénéficié d’une dérogation de cette règle afin de pouvoir produire plus pour compenser les perturbations de l’offre céréalière d’Ukraine et de Russie. Elle a expiré fin 2023. Une dizaine de pays dont la France avait réclamé la poursuite de la dérogation ou au moins partielle. En vain.

Pour Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, principal syndicat agricole français, cette obligation "n’est pas entendable dans le contexte". En réponse à la colère des agriculteurs, le Premier ministre, Gabriel Attal, a annoncé un certain nombre de mesures, avec des décrets immédiats pour simplifier et accélérer certaines procédures. Des annonces qui, sur le terrain, n’ont pas suffi à calmer totalement les choses.

"Les annonces sont totalement insuffisantes, réagit Vincent Dollé. Déjà pour la jachère, 4%, je trouve ça anormal de reprendre des terres ou de payer un fermage. On était content avec la crise Covid de ne pas payer les 4% et aujourd’hui on nous les remet. On a besoin de produire pour nourrir la France. On a la capacité de le faire, il faut continuer à le faire."

À Amiens, les agriculteurs espèrent tenir les blocus jusqu'à mardi soir.

Avec Claire-Marine Selles / FTV

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