Parmi les agriculteurs qui manifestent depuis la mi-janvier 2024, des centaines d'apiculteurs témoignent être étranglés par l'importation de miel à bas prix défiant toute concurrence. Henri Clement, porte-parole de l'Union Nationale de l'Apiculture Française (UNAF), anticipe des "opérations coups de poing" si les réactions se font attendre.
"À Arles, un collègue a arrêté un camion qui transportait une douzaine de tonnes de miel d'Ukraine pour un conditionneur", reconnaît Henri Clément, porte-parole de l'Union Nationale de l'Apiculture Française (UNAF). Alors que la colère des agriculteurs gronde depuis la mi-janvier 2024, les apiculteurs ont rejoint le mouvement et participent aux actions organisées.
Au cœur de leur détresse, une "concurrence déloyale" issue du miel "importé en France à moins de 2€", soit au-dessous des coûts de revient, alors que le leur est affiché "à 5 ou 6€". Apiculteur de profession, Henri Clément dénonce une "large augmentation des importations qui représentent 30 000 des 42 000 tonnes de miel consommées en France."
Pour lutter contre "un avenir qui se dessine où des apiculteurs devraient mettre la clé sous la porte", l'UNAF demande une large réglementation pour empêcher l'importation à bas prix et obliger l'achat de miel par les conditionneurs à un prix rémunérateur. "Il faut qu'ils jouent le jeu, qu'ils se préoccupent un peu de nous", alerte le porte-parole du principal syndicat apicole français.
Nous sommes totalement opposés à la déréglementation sur les questions environnementales.
Henri Clément
Déjà présent dans la lutte contre les pesticides et pour l'étiquetage du miel avec son pays d'origine, le représentant de 400 000 ruches françaises constate une large souffrance de la profession. En cause, "les problèmes environnementaux qui bouleversent les récoltes, surtout au sud."
Les dissensions entre les agriculteurs et apiculteurs surgissent dès lors qu'il en est question. "Nous sommes totalement opposés à la déréglementation sur les questions environnementales", argue Henri Clément. C'est pourtant l'un des chevaux de bataille de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), qui dénonce le poids des normes et réglementations environnementales.
Le porte-parole des apiculteurs assure que le "problème" de l'agriculture, ce ne sont pas ces règles, mais bien "la dégradation de l'environnement" qui les impacte au long terme. Comme avec la "destruction de 10 000 haies chaque année" alors qu'elles permettent une "régulation du climat et la protection des cultures du vent", selon l'observatoire de la biodiversité.
Un appel à l'aide, ou à la mobilisation
En déplacement dans une exploitation agricole de Haute-Garonne, le Premier ministre Gabriel Attal a fait plusieurs annonces vendredi 26 janvier. Rien qui ne réjouit particulièrement Henri Clément, qui réclame des "avantages financiers et des sommes économiques" pour les apiculteurs. L'avance de trésorerie et la suspension des cotisations sociales sont une nécessité pour survivre "à cette mauvaise passe" d'après lui.
Il insiste sur la suite d'un mouvement qui pourrait être amorcée avec "des opérations coup de poing beaucoup plus virulentes" s’ils ne sont pas "reconnus". Conscient qu'en venir là est "dramatique", il reconnaît "être plus entendu avec des actions spectaculaires."