Réchauffement climatique : produira-t-on encore du miel dans les Hauts-de-France en 2050 ?

La production de miel dans les Hauts-de-France est-elle en danger ? Avec l'accélération du dérèglement climatique et des abeilles de moins en moins présentes dans les ruches, difficile de prévoir un avenir stable pour la production de miel, selon les professionnels du secteur.

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Des hausses de température, une augmentation de jours caniculaires et de sécheresse, un taux de pluie plus faible… Les projections scientifiques du GIEC sont unanimes : toute la France est touchée par la crise climatique et cela ne va pas s'améliorer d'ici à 2050.

Dans les Hauts-de-France, les stigmates sont déjà présents. Avec les températures anormalement douces pour un mois d’octobre, les prédateurs comme les frelons asiatiques restent tenaces. Mais la nourriture des abeilles est aussi de plus en plus confrontée aux aléas climatiques.

Certains apiculteurs de la région tirent la sonnette d'alarme sur le bon fonctionnement de leur activité et les causes sont multifactorielles. Ils sont les premiers témoins de ce réchauffement climatique et se posent même des questions sur l'avenir de leur profession.

Une nourriture de plus en plus rare

Les abeilles des Hauts-de-France sont confrontées à un manque de nourriture sur le territoire. Alors que la saison des floraisons courait auparavant jusqu'à octobre, la hausse des températures y met fin à partir du mois de juillet. Selon les projections des scientifiques du GIEC, les chiffres des températures risquent de ne pas s'améliorer d'ici à 2050.

"Nous sommes obligés de palier en donnant du sirop de glucose. Mais ce n'est pas comme le nectar de fleur : il y a moins de vitamines et les abeilles sont plus susceptibles d'attraper des maladies", déplore Béatrice Braems, apicultrice sur la structure à Neuf-Berquin, dans le Nord.

Selon Bernard Lamidel, représentant à l'Union syndicale des apiculteurs picards, ce manque de nourriture peut faire disparaître l'activité de ces professionnels.

Le frelon asiatique : un ennemi tenace

Ces petites bêtes sont aussi confrontées au varroa destructor. Véritable cauchemar pour les apiculteurs, ce parasite est un fléau et s'attaque directement aux larves. "Et à leur naissance, les abeilles sont déjà affaiblies avec des ailes atrophiées", explique l'apicultrice nordiste.

L'utilisation des produits phytosanitaires n'arrange aussi en rien le développement des pollinisateurs. Malgré l'interdiction depuis le 1ᵉʳ janvier 2017, des dérogations permettent encore leur utilisation. "Et on ne peut rien faire face aux lobbys, ils sont beaucoup trop puissants", s'attriste José Belois, apiculteur à Ligescourt, dans la Somme.

"Si cela continue comme ça, la filière de l'apiculture dans la région va s’écrouler."

Béatrice Braems, apicultrice à Neuf-Berquin, dans le Nord

Il ajoute que le gros danger, "ce sont aussi les frelons asiatiques". Avec les températures clémentes, les premières gelées tardent de plus en plus à arriver et les nids des frelons asiatiques restent encore bien actifs en cette période de l'année.

"La transition climatique est tellement rapide que la biodiversité n’a pas le temps de s'adapter", s'alarme Béatrice Braems. Même son de cloche pour l'apiculteur de la Somme : "Vu les circonstances, il n'y aura pas d'avenir, ni d'amélioration pour la production…" Et le problème dépasse largement la production de miel.

Un rôle essentiel pour la biodiversité

Les abeilles ont un rôle essentiel à la reproduction de nombreuses plantes et à la production notamment de fruits. Selon l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), "90 % des espèces végétales à fleurs dépendent uniquement des insectes pollinisateurs, dont les abeilles, pour leur reproduction".

Au niveau mondial, près de 75 % de la production mondiale des produits de notre alimentation du quotidien dépendent des abeilles et des insectes pollinisateurs.

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