Changement climatique. 26 degrés dans le nord de la France en octobre : "on se rend compte qu'il y a un réel problème"

Les Hauts-de-France enregistrent des températures records en ce premier jour d'octobre. Les spécialistes s'accordent à parler des conséquences du réchauffement climatique, les promeneurs du parc du Marquenterre, dans la Somme, également.

Dans la Somme, ce dimanche 1er octobre, il faisait chaud... anormalement chaud même pour un début d'automne. La situation est "exceptionnelle par rapport aux valeurs de température qu'on va relever ce dimanche et ce lundi sur une grande partie de la Picardie et des Hauts-de-France", lance Patrick Marlière, directeur d'Agathe Météo. 

On se trouve d'ailleurs proche des records mensuels, "et ce sera forcément le cas dans l'Oise et le sud de l'Aisne où on va frôler les 27 à 28 degrés pendant ces deux jours, donc là, on va constituer des records mensuels."

Depuis la deuxième quinzaine du mois d'août, la Picardie et la Somme connaissent des "températures exceptionnelles". On retrouve des "valeurs peu courantes pour cette période de l'année", mais "à vrai dire, ce n'est que la continuité de ce bouleversement et de ce réchauffement climatique" qui apporte d'importantes chaleurs sur le pays et la région. 

Au parc du Marquenterre (Somme), nombreux sont les promeneurs qui se baladent en short, en chemisette et profitent du bon temps, sans pour autant ignorer le changement climatique.

Partagés entre "plaisir" et "inquiétude"

"C'est hallucinant, constate Patrick, accompagné de son épouse Thérèse. On est partagé entre plaisir de jouir de ces moments-là, à cette saison, mais aussi l'inquiétude par rapport à l'état de notre planète.

Le couple y pense d'ailleurs "tout le temps". "On est obligé quand on regarde les actualités, toutes les catastrophes, tous les jours de l'année quasiment. On se rend compte qu'il y a un réel problème." Comment faire alors ? "C'est un peu l'histoire du colibri de Rabhi. On essaie à notre mesure, chacun à notre niveau". 

Jean-Marie, de son côté, voit en ces températures élevées un véritable plaisir. "C'est formidable pour la région, ça permet de visiter pas mal d'endroits". Il reste toutefois inquiété "pour l'avenir" et compte sur la responsabilité des gens pour que la planète aille mieux. "Mais il y a du boulot", concède-t-il.

Quant à Dominique, la situation lui fait "un petit peu peur" car "normalement, il devrait commencer à avoir des températures qui chutent". Elle profite toutefois de ce beau temps tout en avançant que "personne ne peut ignorer qu'il y a un réchauffement climatique". 

Il va falloir que ça change, mais pas seulement à notre niveau puisque nous, on fait ce qu'on peut, on fait attention à tout maintenant. Il va falloir prendre de vraies décisions politiques.

Dominique, promeneuse au parc du Marquenterre

Les oiseaux comme repère 

Pour le naturaliste et ornithologue Philippe Caruette, les oiseaux, la faune et la flore sont un véritable repère pour évaluer et analyser les effets du changement climatique. "En 1988, on a commencé à en parler aux États-Unis, explique-t-il. On n'a pas été interloqués". Mais en 1995, lui et ses collègues ont commencé à se rendre compte "de comportements d'oiseaux qui passaient l'hiver chez nous et qui ne le faisaient pas au 18e siècle", avec des espèces qui migraient plus tard ou qu'ils ne voyaient plus l'hiver. 

Par exemple, en se baladant sur la côte picarde, on retrouve "plein de petits hérons garde-bœufs qui se posent sur les chevaux Henson, les Highland Cattle" alors qu'avant, "c'était la Camargue."

Philippe Caruette constate depuis quelques années des phénomènes extrêmes de plus en plus importants et fréquents, "notamment des sécheresses de plus en plus longues qui vont impacter les oiseaux. Heureusement, pour le moment, elles sont en été". Mais si elles arrivent durant l'automne, "ce sera bien plus grave parce que les nappes phréatiques ont besoin d'eau", durant cette période. Les oiseaux migrateurs aussi. 

Il observe aussi des "phénomènes de tempêtes, de coups de vent". Il n'y a pas très longtemps, "on a vu une mouette de Sabine sur le parc, qui est originaire de Groenland", indique le naturaliste. 

Quand il y a de grands coups de vent, des tempêtes, on a des oiseaux marins qui sont observés plus facilement sur le site. Là, on est vraiment dans des phénomènes extrêmes qui augmentent.

Philippe Caruette, naturaliste et ornithologue

Les régimes de pluie, quant à eux, sont "à peu près toujours les mêmes, mais plus aux mêmes périodes". Les mois de décembre deviennent "très pluvieux" avec une absence de froid, et tout cela a un impact automatique sur "les espèces, positivement ou négativement. Dès qu'il y a un changement, il y a une réaction de la faune et de la flore". 

Une diminution des densités d'espèces

Philippe Caruette ne constate néanmoins pas de phénomènes de mortalité. "Ça peut arriver. Là, on l'a vu dans le sud de la France des martinets, des hirondelles. Il faisait tellement chaud dans les endroits où elles nichaient en ville qu'il y avait une forte mortalité des jeunes", a-t-il observé. Mais il n'a pas remarqué de tel phénomène dans son secteur géographique "parce qu'on a encore un climat océanique". 

La qualité des habitats reste primordiale. "Quels que soient les changements, quelles que soient les perturbations dans la nature, les animaux, les plantes, les insectes vont mieux résister et s'adapter si on garde une nature riche. Et c'est pareil pour l'homme". Lui et ses collègues essaient de faire "de gros efforts" pour garder des éleveurs "avec les prairies, les prairies humides" qui sont très riches pour les oiseaux. "Ils retiennent l'eau, absorbent le gaz carbonique, donc tant qu'on aura des éleveurs et des bêtes, on aura une richesse dans la nature", note l'ornithologue. 

Il n'en reste pas moins que depuis "de nombreuses années", il constate une diminution, "non pas des espèces, mais des densités et notamment des espèces insectivores". Face à cela, il avance deux solutions : "on peut se dire : mince, ça ne fait que s'accentuer, qu'est-ce qu'on fait ? Et puis il y en a une deuxième, c'est de se retrousser les manches" pour remettre "plus de nature". Il s'agit d'une "vraie responsabilité" à ses yeux. 

Avec Claire-Marine Selles / FTV

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