Les congés des "aidants", ces personnes soutenant leurs proches handicapés ou dépendants, pourraient voir leurs congés indemnisés à hauteur de 40 euros par jour, comme le révèle FranceInfo. En Picardie, certains de ces aidants accueillent la nouvelle avec soulagement.
Le congé de trois mois accordé aux aidants, ces personnes prenant soin de leurs proches dépendants ou handicapés, sera prochainement payé 40 euros nets par jour, a révélé FranceInfo ce 13 septembre. Le gouvernement devrait inclure, à la fin du mois de septembre, cette mesure dans sa loi de financement de la Sécurité sociale.
Les âges et les situations de ces aidants sont très diverses : parmi eux, seuls les salariés sont donc concernés par ce coup de pouce. "J'avais une maman âgée, avec un problème mental qui s'était développée, raconte un ancien aidant rencontré dans les rues d'Amiens. On lui a permis de vivre la fin de ses jours chez elle, devant la fenêtre qui donnait sur son jardin. Elle écoutait les oiseaux, elle ne pouvait pas s'exprimer, elle avait un sourire épanoui."
Une aide et une reconnaissance
Il poursuit : "Les aidants, qui étaient rémunérés par ma famille, a permis à notre mère de finir ses jours sereinement. (...) C'était matériellement impossible en étant employé ou employeur, avec des soucis quotidiens et un avenir à assurer."Une autre Amiénoise abonde en son sens. "C'est utile financièrement, mais aussi pour la reconnaissance : on nous considère en tant qu'aidants, que c'est difficile de donner de sa personne, de se rendre disponible, de s'adapter à l'évolution d'une pathologie, nous avoue une Amiénoise. C'est difficile aussi parce que ce sont nos parents : ce n'est pas forcément à nous de faire ça, mais on se rend compte que c'est compliqué d'avoir du personnel formé et répondant correctement."
"Pas le droit aux congés, pas le droit d'être malade"
À Amiens, Alexandra s'occupe de sa fille Sarah, 11 ans, autiste et reconnue handicapé à plus de 80%. La jeune maman de 31 ans n'a pas d'emploi, car elle doit être aidante à temps plein. Elle est seulement rémunéré par conseil départemental car la Maison départementale des personnes handicapées du Nord (MDPH) a statué que les soins que sa fille avait besoin l'empêchaient de reprendre une activité traditionnelle."On me donne un quota d’heures pour ma fille qui est limité à 4 euros de l’heure, explique la trentenaire. Mon salaire tourne autour de 500 euros, alors que je fais autant d’heures que quelqu’un qui est aux 35 heures. Les aidants familiaux à temps complet devraient être mieux rémunérés ! Ca fait onze ans que je suis aidante familial à plus de 400 %... C’est ça mon boulot !"
Rester éveillé 24 heures d'affilée
Sarah ne peut pas manger seule, se laver seule, ou aller à la boulangerie, confie la maman. "C’est les médicaments, les rendez-vous, ça n’arrête jamais. Elle ne dort pas ou se réveille plusieurs fois, ou pendant deux heures. Donc j’ai une moyenne de 4 heures de sommeil par nuit. Je peux être éveillée 24 heures d’affiliées."Alexandra conclut : "quand vous avez un parent malade qui a aussi besoin de vous, c’est un enfer. J’étais en plus auprès de mon père, qui a bataillé contre le cancer pendant deux ans et demi. Je me retrouve avec de l'arthrose, une scoliose, etc. Moi j’ai pas le droit d’être malade, pas le droit d’avoir de congés pour ça."
Dans l'Oise, un habitant sur cinq est âgé de plus de 60 ans, et ce chiffre montera à un sur trois en 2050. Le Département a déjà mis en place au printemps un "plan seniors" pour 170 millions d'euros (40% de son budget solidarité) destiné à assurer la sécurité des personnes âgées et suppléer les aidants, en développant notamment la téléassistance. Dans l'Aisne, l'allocation personnalisée d’autonomie (APA) concernerait 7946 personnes. Ces aidants seraient entre 60 000 et 65 000 aidants dans la Somme.