En pleine période de confinement, les professionnels du chauffage s’organisent pour continuer à approvisionner les clients en fioul ou en bois. Considérées comme un besoin de première nécessité, les livraisons continuent tout comme les dépannages mais les entreprises doivent s’adapter.
En raison de la pandémie de coronavirus et des usines à l’arrêt, rarement le prix du fioul n’avait été aussi bas. Au milieu du mois de mars, le tarif était de 771€ pour 1000L : de quoi attirer les particuliers, qui plus est en période de confinement. "Il y a eu plusieurs jours de panique avec de nombreuses commandes de personnes qui voulaient refaire leur stock, explique Jérôme Boutleux, fournisseur de combustibles à Abbeville. La situation s’est apaisée depuis même si l’on a beaucoup de travail. Les délais de livraison sont rallongés mais les clients sont compréhensifs".
Aujourd’hui, il faut compter trois à quatre jours pour se faire livrer en fioul. La faute en partie aux raffineries dont les horaires ont été modifiés, les camions attendent parfois plusieurs heures pour se faire recharger. En revanche, la partie chauffage de l’entreprise a été limitée aux seuls dépannages.
Un choix également partagé par Stéphane Boitel, plombier-chauffagiste à Amiens. "J’ai deux employés au chômage partiel. Et je ne reçois plus de matière première car les grossistes sont à l’arrêt, explique-t-il. Je me concentre sur le dépannage d’urgence, c’est important dans cette période de confinement et alors qu’il fait encore frais. Mais je ne me déplace que dans des maisons que je connais". Avec le coronavirus, et alors qu’il dispose de moyens de protection limités, il préfère ne prendre aucun risque.
Les livraisons de bois arrivent à temps
Du côté de la filière bois, là aussi les livraisons continuent. "Ce qui change, c’est surtout le lien avec les clients, analyse André Cleuet, fournisseur en bois de chauffage à Moreuil. Fini le café, les petits gâteaux. On livre et on s’en va".
La préfecture a validé la continuité de son activité. Le bois arrive à temps car les demandes n’ont pas vraiment augmenté, mais de nouveaux clients se sont manifestés : "Ce matin, deux personnes voulaient savoir si je travaillais encore. Pas des clients habituels. À mon avis, ils devaient se faire livrer "au black" avant. Mais comme ces personnes non déclarées ne peuvent plus se déplacer librement sans attestation, ils vont devoir passer par la filière classique".
En ce qui concerne l’affouage, ce droit de prendre gratuitement du bois de chauffage dans une forêt communale, il a tout simplement été interdit par l’Office National des Forêts.
Les demandes ont explosé ces derniers jours
Concernant les clients qui se chauffent au poêle à granulés, l’approvisionnement est compliqué car de nombreux magasins revendeurs ont été contraints de fermer pour la période de confinement. Reste la solution des drives autonomes à granulés. Eddy Goïk est le gérant de la société Bois Express qui dispose de neufs modules dans les Hauts-de-France. Les clients commandent depuis chez eux puis viennent récupérer leurs sacs sur une borne. "Les demandes ont explosé ces derniers jours. Nos modules ont douze portes, chaque porte contient cinq sacs de granulés et on doit tout de même les recharger trois fois par jour. Un client a même vidé complètement un module à lui tout seul".
Une personne supplémentaire a été embauchée pour répondre à la demande en cette période de confinement : "Le prix des granulés est très haut en cette fin de saison, et les clients ne veulent pas racheter une palette d’une tonne qui va trainer dans leur garage tout l’été. Alors ils se rabattent vers nous pour faire l’appoint".
Preuve que le chauffage à bois fonctionne en ce moment à plein régime : d’après Atmo Hauts-de-France qui surveille la qualité de l’air, les concentrations de particules fines sont en hausse depuis quelques jours dans la région malgré la baisse du trafic routier. Le chauffage à bois par exemple a légèrement augmenté en milieu de journée depuis le début du confinement.
[ Prévisions ] Demain, mardi 31 mars, la qualité de l'air devrait être moyenne sur l'ensemble de la région Hauts-de-France, en lien avec des vents plus calmes qu'aujourd'hui, et donc plus propices à l'accumulation des polluants. pic.twitter.com/bgvoutxCMv
— Atmo Hauts-de-France (@AtmoHdF) March 30, 2020