Avec le confinement, nombreux sont les petits commerçants qui ont dû fermer boutique. Pour limiter la casse, certains se sont lancés dans le drive et les livraisons, d'autres partent seuls sur le numérique.
La plateforme s'appelle "ici-là.fr". Elle pourrait voir le jour d'ici une semaine, tout dépendra du nombre d'entreprises inscrites.
Ce projet solidaire, initié par Yannick Jupin, propose aux commerçants de s'inscrire gratuitement sur une plateforme d'e-commerce, à l'image d'Amazone, mais en 100% local.
Yannick Jupin est concepteur web et tient un magasin de réparation d'ordinateurs à Amiens. Très vite, il envisage de mettre ses compétences à profit.
"À la base, il y a plusieurs années, j'avais l'idée de mettre une plateforme en place mais réservée aux agriculteurs, qui n'ont pas forcément d'outils pour se faire connaître, pour faire du circuit court. Mais j'avais avec le travail, la tête trop dans le guidon et l'idée n'a jamais vu le jour. Là, avec le confinement, c'était plus que d'actualité et en plus, je dispose de temps puisque j'ai fermé mon magasin".
Une plateforme locale et exclusivement française
Avec ses compétences et l'aide de deux autres codeurs plus un graphiste, l'informaticien s'entoure de la main d'oeuvre nécessaire pour construire le projet.
"Le back office marchand est prêt. On a mis deux jours à le faire. Le site client n'est pas encore en place. On est en phase de recrutement et de création des articles. L'idée serait de proposer aux commerçants un périmètre dans lequel il agit et où du coup les clients verront uniquement les offres de leur secteur, ce qui fait que ça reste local, même dans le reste de la France".
Les petits commerçants sont les poumons d'une ville.
"Il faut qu'on ait au moins 500 entreprises qui nous fassent confiance pour pouvoir la mettre en route, parce que s'il n'y en a pas assez, on ne fera pas le poids face aux plus importantes qui existent aujourd'hui. Après, avec les réseaux de chacun, l'information va se savoir, on n'aura pas besoin de faire de la publicité".
Les commerçants peuvent s'inscrire gratuitement sur la plateforme pendant toute la durée du confinement.
"On sent que les consommateurs veulent de la facilité et de la rapidité. Il faut les ramener aux petits commerces mais tous n'ont pas la capacité financière de créer leur site".
"On a besoin de cet outil, les gens sont très connectés"
Coiffeur, restaurant ou prêt-à-porter, plusieurs entreprises se sont déjà manifestées.
C'est le cas de celle d'Emilie Gharbi. Cette fleuriste est installée depuis 8 mois à Amiens et a dû fermer son magasin dès l'annonce du confinement. Depuis 2 jours, elle a repris son activité en livraison et en commandes de deuil.
Ce qui l'attire dans ce projet, c'est son côté local.
"Faire un mappage du local, c'est bien pour nous faire connaitre. Moi, Quand je vais chercher mes fleurs, je me déplace en Belgique. II y a un vrai travail. ce n'est pas juste 'on va chercher les fleurs', 'on met dans les vases', c'est toute une logistique derrière. Alors oui, c'est plus cher, parce qu'on a des frais, on est tout seul, alors que les grosses structures du e-commerce, ont des prix de centrale. Mais, chez nous il y a la sécurité et les petits services. Rien que dans notre rue, on peut acheter des fleurs, aller chez le coiffeur, chez le boucher, à la boulangerie, faire retoucher le pantalon par la couturière. Il y a tout dans la rue en local. Il faut le remettre au goût du jour".
Limiter la casse
Responsable d'un magasin multimarques de prêt-à-porter, Cécile Viault compte déjà une baisse de 65% de son chiffre d'affaire par rapport à l'an dernier, pour le mois de mars.
Son magasin situé dans le centre-ville d'Amiens, ne vit plus qu'à travers les photos qu'elle poste sur Instagram et Facebook. La nouvelle collection étant arrivée quelques jours avant le confinement.
"On voit bien que les gens ont un intérêt certain pour les vêtements et on voit qu'il peut y avoir potentiellement un achat coup de coeur qui pourrait se déclencher mais qui ne peut pas avoir lieu puisque le magasin est fermé. Donc, si on peut limiter la casse en permettant aux personnes de se faire plaisir et d'oublier le contexte actuel, pourquoi pas".
Si Cécile Viault décide de rejoindre "Ici et là", c'est qu'elle espère gagner en visibilité.
"En créant un mini site internet à notre image, on a la possibilité d'avoir une visibilité de notre magasin et des articles que l'on a. Et comme ça, une fois par semaine, encore à définir avec ma vendeuse, les clients pourront acheter et venir comme dans un drive, à une heure précise, pour récupérer leur article. Je pense que le paiement se fera via la plateforme pour éviter les mesures barrières préconisées par le gouvernement".
Alors que certains se raccrochent au e-commerce, d'autres investissent les réseaux sociaux, comme cette boutique de Senlis, dans l'Oise.Dès l'ouverture de son magasin de vêtements à Dury, près d'Amiens, en avril 2019, Amélie Boucher est aussi très active sur les réseaux sociaux. C'est probablement la raison pour laquelle, elle garde la tête hors de l'eau depuis le confinement.
"Tous les jours, je suis dessus. Je poste des photos de mes articles portés. Je fais également une vidéo tous les jeudis pour présenter une marque ou une rentrée d'articles. Je crée une émulsion. Mes clientes sont des habituées de la boutique mais j'ai aussi des clientes à distance, que je n'ai jamais vues".
Opération "coup de balai"
Les réseaux sociaux, avant, c'était une vitrine pour Amélie boucher, maintenant, c'est son magasin.
Avec le confinement, elle a ramené tout le stock de sa boutique à son domicile. Désormais, elle ne compte plus ses heures.
Elle réalise plus de vidéos et fait surtout du déstockage.
"J'ai ramené tout mon stock de l'été dernier pour proposer des prix cassés sur les peu de tailles qui me restaient. Sur ces articles-là, je ne gagne pas d'argent mais ça me permet de rentrer de la trésorerie pour être à jour de mes charges. Ça me permet de me dire que je pourrai rouvrir la boutique après le confinement".