"Amiens dans le temps" retrace en 70 clichés la vie quotidienne dans la capitale picarde entre 1880 et 1900. Une collection unique qui appartenait à Maurice Duvanel, un passionné de l'histoire locale disparu en 2020. L'exposition est à voir dans l'église de Bonnay, près d'Amiens jusqu'au 16 juillet.
Ancien guide à la cathédrale Notre-Dame, Maurice Duvanel a laissé derrière lui des milliers de documents d'archives très diversifiés, dont de nombreuses photographies retraçant la vie quotidienne à Amiens à la fin du XIXe siècle.
Sur une initiative d'Anthony Esteves Afonso, une grande partie de ces clichés sont réunis à l'église de Bonnay, près d'Amiens jusqu'au 16 juillet 2023, une manière de rendre hommage à cet amoureux du patrimoine amiénois. "J'ai récupéré la collection des photos de Maurice Duvanel à son décès en mai 2020, en pleine pandémie. Sa famille me l'a transmise pour les exposer et les présenter au public".
Une partie de ces archives sont des reproductions. Les originaux sont gardés à la Société des antiquaires de Picardie (SAP), installée au musée, sur des plaques de verre. "Elles sont donc en très bon état, très claires. On voit les détails. Ce sont des photos des années 1880, début 1900. Toutes sont d'avant-guerre".
Né à Abbeville, Maurice Duvanel s'installe avec sa famille rue de la Dodane à Amiens après la Seconde guerre mondiale. Dans ce quartier Saint-Leu où il grandit, il connaîtra la reconstruction de la ville et son évolution, ce qui lui permettra de s'imposer comme un véritable spécialiste de l'histoire locale. "J'ai consacré un panneau entier sur Saint Leu. Comme je l'avais enregistré, il raconte son vécu, comment il a ressenti l'évolution du quartier, la solidarité entre les personnes, les livreurs de charbon, le marché sur l'eau. Tout ça est évoqué".
Ancien compagnon couvreur, il va surtout se passionner pour la cathédrale, notamment pour sa flèche qu'il affectionnait tant. Dans les années 1970, il a suivi sa restauration et en a fait des milliers de clichés.
"Il était passionné par la flèche parce qu'il était professeur de couverture au lycée de l'Acheuléen et il était aussi dans les compagnons du bâtiment. Il avait ce don de transmettre à toutes les personnes qui avaient envie de travailler. Il pouvait donner ses outils à un jeune qui n'en avait pas".
Lorsqu'il rencontre Maurice Duvanel, Anthony Afonso venait de démarrer ses études d'histoire de l'art à la faculté d'Amiens. "Je l'ai suivi dans une de ses visites à la cathédrale et on a sympathisé", se souvient le jeune homme, puis je l'ai suivi dans beaucoup d'autres visites auxquelles je participais. Chaque année, je faisais les journées du patrimoine dans son village d'Argoeuvres. Je faisais visiter le château, l'église, le bunker, tout le tour du village. Et il me remettait une médaille chaque année".
Sa disparition a ému localement. Anthony Esteves Afonso a désormais les clés de cette mémoire.
Cette première exposition "Amiens dans le temps" n'est qu'un début. Anthony Afonso espère pouvoir bientôt la présenter dans le quartier Saint-Germain où Maurice Duvanel était très connu, voire même dans la chapelle, au musée de Picardie.